Marcus Kane était un homme surprenant. Abby appréciait en apprendre toujours plus sur lui et après l’explication sur le nom du chat, elle réalisa qu’elle commençait lentement à glisser sur une pente qu’elle ne pensait pas redécouvrir d’aussi tôt. Voire jamais. Marcus se faisait une grande place dans sa vie. Peut-être un peu trop rapidement aux yeux de la doctoresse, mais elle ne pouvait pas ignorer la chaleur qu’elle ressentait au creux de son ventre à chaque fois qu’il souriait ou disait des choses comme ça. Abby esquissa un nouveau sourire, elle était attendrie. Il aimait sa fille. Elle ignorait tout de l’histoire d’Octavia, mais elle lui laisserait le temps de lui raconter quand il en aurait l’envie.

En sentant l’odeur de la sauce tomate en train de chauffer, Abby se tourna pour la remuer et ne put empêcher Marcus d’aller mettre la table lorsqu’il l’en informa. “Bon sang, Général Kane. Vous êtes impossible.” Fit-elle en grondant. Elle était faussement contrariée, évidemment puisqu’elle avait un sourire en coin. Elle secoua la tête lorsqu’il revint récupérer son verre. “Si tu as mal à la tête ou que tu es fatigué un peu plus tard, c’est entièrement de ta faute. Repose-toi, Marcus.” Le prévint-elle. Elle reporta son attention sur le repas alors que Marcus s’éclipsait dans la salle à manger. Abby arrêta le feu sous la sauce et la versa avec la viande. Elle remua jusqu’à ce que tout soit homogène avant de transférer le tout dans la casserole où se trouvaient les spaghettis. L’odeur arracha un nouveau grondement à son estomac. “Oui oui… bientôt.” Murmura-t-elle pour elle-même. Elle récupéra un torchon pour se protéger les mains et amena le plat jusqu’à la table où l’attendait Marcus en attrapant au passage une cuillère en bois.

“Et voilà.” Elle prit l’assiette de Marcus pour le servir. « Tu as mangé aujourd’hui ? » Abby se figea avant de redresser la tête et d’esquisser un sourire un peu gêné. Elle hésita à lui mentir, mais elle lui avait demandé d’être honnête un peu plus tôt, elle ne pouvait pas se permettre de faire ça. “Non…” Commença-t-elle avant d’enchaîner directement. “Le travail m’a pris pas mal de temps. Mais j’ai pris un petit déjeuner ce matin donc ce n’est pas comme si j’avais rien dans le ventre depuis la veille.” Elle haussa les épaules avant de reposer l’assiette de Marcus devant lui. Elle ne le regardait toujours pas. “J’avais d’autres choses en tête pour y penser.” Abby se rendait compte que c’était probablement insensé d’oublier de manger pour quelqu’un de normalement constitué, mais c’était comme ça qu’elle fonctionnait. Ça désolait ou exaspérait toujours son entourage, mais ils avaient abandonné l’idée d’essayer de lui faire entendre raison depuis un moment. Elle était beaucoup trop têtue pour ça. Abby récupéra son assiette et se servit des spaghettis à son tour avant de finalement relever sa tête vers Marcus. “Ce n’est pas grave je me rattrape ce soir.” Elle haussa les épaules avant de reposer son assiette et de s’installer à son tour. “Bon appétit, Marcus.” Abby se rendait compte qu’elle lui avait reproché de ne pas faire suffisamment attention à lui aujourd’hui alors qu’elle était probablement le pire exemple possible. Mais il apprendrait qu’Abby suivait beaucoup l’expression faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Abby sourit à son compliment. Elle n’avait pas tout fait de A à Z, mais elle était contente si ça lui allait. Marcus allait pouvoir reprendre des forces. “Un jour, il faudra que tu goûtes de véritables pâtes faites maison. Ce n’est pas pareil.” C’était industriel ce qu’elle avait utilisé. Peut-être qu’un jour elle trouverait suffisamment de courage pour suivre une recette à la lettre et véritablement tout faire au lieu de tenter de dévier et de foirer automatiquement son plat. Les spaghettis à la sauce bolognaise étaient probablement ce qu’elle réussissait de mieux. Ils mangèrent tranquillement, la faim l’emportant sur leur envie de s’adresser à l’autre. L’estomac d’Abby la remerciait pour le plat qu’elle avait fait. Elle se sentit vite beaucoup mieux. Elle releva la tête dans la direction de Marcus lorsqu’il prit la parole pour lui parler de l’après repas. “Si tu fais attention à ne pas mouiller tes bandages, tu peux. Au pire des cas, je peux toujours te les refaire.” Même si elle aurait préféré un autre contexte, elle aimait bien s’occuper de lui. “Quant à ta proposition de douche, ça serait avec grand plaisir. Par contre je n’ai rien pour… me changer. Enfin, je n’ai pas mon pyjama.” Elle avait des sous-vêtements en rechange pour les moments où il lui arrivait de travailler toute la nuit à son bureau. Elle avait pris l’habitude d’avoir plusieurs choses utiles dans son sac juste au cas où. Et comme l’hôpital avait des douches, Abby en profitait parfois après une longue nuit ou une longue opération. Elle réalisa également que Marcus allait la voir sans maquillage. C’était un autre point sur lequel elle s’arrêtait stupidement. Elle qui prônait le féminisme, elle angoissait qu’un homme la voit sans maquillage. Marcus était une personne comme une autre. Ce n’était pas grave qu’il puisse voir les cernes sous ses yeux et sa peau un peu plus pâle que d’habitude. Non ?

Lorsqu’ils eurent totalement fini leurs assiettes, Abby ne laissa pas le temps à Marcus de faire le moindre mouvement. Elle se leva de sa chaise et récupéra les couverts du Général pour les amener en cuisine. Tout fut mis dans le lave-vaisselle. Elle était contente de cette petite victoire : il était toujours assis et c’était elle qui était debout. Aucun commentaire ne sortit de sa bouche, mais son regard parlait à sa place. Elle défiait un peu Marcus de cette manière et le jeu s’intitulait lequel de nous deux est le plus têtu. Seulement, Abby était la seule à avoir connaissance du jeu et de ses règles. “Je te laisse me montrer ma chambre. Je viendrai récupérer mes affaires juste après.” Fit-elle lorsqu’elle revint près du Général. Elle se doutait que les chambres étaient à l’étage. L’inquiétude l’assaillit de nouveau. Marcus allait-il réussir à grimper les marches si jamais la douleur à sa hanche s’était réveillée ? Elle ne préféra pas poser la question parce qu’elle savait que par fierté, il dirait que tout allait bien. Autant qu’elle le laisse faire. Ils étaient beaucoup trop fatigués pour se prendre la tête une énième fois. Marcus savait qu’il ne devait pas forcer et Abby savait qu’elle ne pouvait pas l’obliger à écouter ses conseils. Il n’en ferait qu’à sa tête de toute façon.

Abigail suivit Marcus lorsque ce dernier se leva et prit la direction des escaliers. Elle ne fit aucune remarque à voix haute parce qu’il était inutile qu’elle piétine la fierté du Général. Elle savait qu’elle avait été malmenée jusqu’à présent, inutile qu’elle en rajoute une couche. Elle préféra le laisser faire. Elle suivit des yeux le mouvement de sa main qui se posa sur sa hanche douloureuse et un pli soucieux se dessina sur son front. Ça l’embêtait de ne pas avoir de calmants à portée de main. Abby monta les marches derrière lui, restant à une bonne distance et prête à intervenir si jamais il se sentait mal.

Marcus l’amena devant une porte et face à son hésitation, Abby haussa un sourcil. Est-ce que ça n’allait pas ? Elle allait avancer sa main pour la poser sur son bras et s’assurer que tout allait bien lorsqu’il lui fit suspendre son geste en lui présentant sa chambre. Il la laissa là pour aller récupérer une couverture et le fameux tee-shirt qui allait lui servir de pyjama. La perspective de porter un vêtement de Marcus qui avait son odeur l'enthousiasmait beaucoup trop. Se reprenant, Abby poussa doucement la porte de la chambre. Il n’y avait que des meubles, pas de décorations, rien sur les murs. Tout était vide. Elle fit quelques pas à l’intérieur de la pièce, intriguée, et se retourna lorsque Marcus revint avec une grosse couverture qu’il déposa sur le lit et le tee-shirt qu’il lui tendit. Abby le récupéra. « J’espère que ça ira ! Sinon, j’ai des chemises si tu préfères. Ou des pulls. » Elle secoua la tête. “Un tee-shirt c’est parfait. Merci Marcus.” Elle lui sourit et il lui indiqua la salle de bain. “Je m’occuperai de la serviette chaude après ta douche alors.” Puis elle le laissa disparaître. C’était une bonne chose que Marcus aille se reposer.

Abby redescendit au rez-de-chaussée pour récupérer son sac. Elle le remonta dans sa chambre et le posa sur le bureau puis elle en sortit une pochette où se trouvait des sous-vêtements propres. Elle avait également une trousse où elle avait quelques affaires de toilette et du maquillage. Elle se félicitait d’avoir tout ça au cas où car pour une fois, ça allait servir. Abby se rendit dans la salle de bain et récupéra une serviette après avoir cherché pendant quelques minutes. Elle nettoya son visage de toutes traces de maquillage avec des lingettes qu’elle avait avec elle puis elle se débarrassa de ses vêtements et se glissa sous la douche. L’eau chaude lui arracha quelques frissons et elle ferma les yeux. La sensation de ses muscles qui se relâchent sous la chaleur était plus que plaisante. Elle resta de longues minutes sous l’eau et se lava avec le gel douche de Marcus. Il avait une odeur bien masculine, mais c’était l’odeur de Marcus alors ça ne la dérangeait pas du tout.
Elle arrêta l’eau quelques minutes plus tard et s’enroula dans sa serviette. Elle se sentait beaucoup mieux maintenant. Elle se sécha rapidement et se rhabilla. Le tee-shirt de Marcus couvrait une partie de ses cuisses, mais il était définitivement trop court pour qu’elle se balade comme ça face à lui. Ils n’étaient pas à ce stade dans leur… relation ? Abby enfila son pantalon pour couvrir ses jambes puis elle détacha enfin ses cheveux. On y était. Abby était sans maquillage, pas coiffée et elle alla récupérer ses lunettes de vue qu’elle posa sur son nez. Elle ne ressemblait en rien à la chirurgienne d’un peu plus tôt. Elle redoutait un peu la réaction de Marcus.

Abby rangea ses affaires dans la chambre et enfila de nouveau ses chaussettes avant de se rendre devant la chambre de Marcus. Elle hésita un moment avant de lever la main et de donner trois coups discrets en entrant. “Tu peux aller prendre ta…” Elle s’interrompit en se rendant compte qu’il avait les yeux fermés et qu’il avait dû s’endormir. Elle se mordit la lèvre et s’en voulut immédiatement. Marcus avait besoin de repos, elle le savait pourtant puisqu’elle était la première à l’obliger à faire le minimum d’effort, mais non, il fallait qu’elle mette les deux pieds dans le plat.

Abigail le voyait habillé autrement qu’en costume cravate pour la première fois depuis qu’elle le connaissait et elle dut empêcher ses yeux de le détailler de la tête aux pieds. Marcus pouvait porter n’importe quoi et ça lui allait parfaitement bien. Elle se secoua lorsqu’elle le vit se redresser de son lit. Il vint jusqu’à elle et elle releva sa tête vers lui, le fixant dans les yeux et lui offrant un doux sourire. Il se contenta de prendre son visage entre ses mains et l’embrassa. Abigail y répondit sans cérémonie. Elle dut se retenir pour ne pas l’intensifier et se laisser gagner par les émotions, Marcus n’avait pas besoin de ça, il avait besoin de repos. « À tout de suite. » Elle se contenta d’hocher la tête parce qu’elle n’était pas sûre de sa voix. Elle aimait qu’il l’embrasse avec cette douceur infinie. Elle aimait entendre sa voix grave et profonde. Elle le laissa sortir de la chambre et elle poussa enfin le soupir qu’elle retenait.

Abby resta dans la chambre de Marcus pendant qu’il prenait sa douche. Elle était à l’image du reste de la maison : très simple. Elle songea à la serviette qu’elle devait préparer pour Marcus juste après. Elle retourna dans sa chambre et récupéra son téléphone. Elle envoya un message à Clarke pour la prévenir qu’elle ne serait pas disponible ce week-end et un autre à Jackson qui l’avait harcelé pour savoir comment ça se passait. Elle lui répondit brièvement que tout allait bien. Juste au moment où elle verrouillait son téléphone, Marcus revenait. Abby sentit son sourire se faner sur ses lèvres lorsqu’elle vit l’expression douloureuse sur son visage. Elle le laissa passer et il s’installa sur son lit en précisant que la douleur était pire que tout à l’heure. Abby hésita un instant à passer un coup de fil à Jackson pour qu’il lui amène des calmants. Elle n’était pas sûre qu’une simple serviette chaude l’apaise. Il ne laissa pas le temps à Abby d’en placer une qu’il enchaîna direct sur son envie de regarder la télévision avec elle. Elle esquissa un petit sourire en coin. “Avant ça, laisse-moi essayer de soulager la douleur de ta hanche. Allonge-toi, je reviens.” Sans lui laisser le temps de protester, Abby disparut dans la salle de bain et récupéra une serviette propre puis revint dans la chambre. “Je n’ai pas trouvé de sèche-cheveux. Je la pose sur le chauffage en attendant, mais si tu as beaucoup trop mal dis-moi et j’appelle Jackson pour qu’il m’amène des calmants.” Elle n’aimait pas savoir que Marcus souffrait à ce point. Après s’être débarrassée de la serviette, elle vint s’installer sur le lit aux côtés du Général.

Elle en oublia que son pantalon n’était pas vraiment agréable à porter lorsqu’on souhaitait s’allonger. Abby grimaça et se sentit rougir. “Ne te moque pas, mais…” Elle baissa un peu la tête. “Je dois enlever mon pantalon…” Elle se leva une nouvelle fois et disparut dans sa chambre pour le retirer et revenir avec la grosse couverture autour d’elle. Elle n’avait maintenant plus que le tee-shirt de Marcus, son sous-vêtement et ses chaussettes sur elle et autant dire qu’elle se sentait vulnérable. Elle remerciait Marcus de lui avoir donné cette couverture, elle ne savait pas comment elle aurait fait. Abby revint se mettre à ses côtés, la couverture couvrant ses jambes. “Qu’est-ce que tu veux qu’on regarde ?” Demanda-t-elle en remontant ses lunettes qui avaient glissé un peu sur son nez.

Abby secoua la tête en riant lorsqu’il répondit à sa question par un toi. Il se la jouait grand séducteur. Il vint déposer un simple baiser sur sa joue ce qui accentua encore plus son sourire. Marcus ne cessait d’être attentionné envers elle. Et franc. Il avait bien compris qu’il était inutile qu’il lui cache quelque chose et Abby appréciait. Elle redécouvrait le fait d’accorder sa confiance et son coeur à quelqu’un. Elle essayait de faire ça petit à petit parce qu’elle avait toujours un peu peur, mais l’aura rassurante qui se dégageait de Marcus la poussait à s’ouvrir un peu plus. Du coin de l’oeil, elle le vit attraper sa télécommande et la télévision s’alluma sur Netflix. Abby se cala un peu plus contre un coussin et ramena ses jambes en tailleur sous la couverture. La voix de Marcus lui fit tourner la tête lorsqu’il lui énonça tous les choix qu’ils avaient avant de lui tendre la télécommande et de la mettre en charge du choix du programme. L’esprit d’Abby devint vide d’un seul coup alors qu’elle faisait défiler les films. Elle n’avait aucune idée de quoi regarder parce que ça faisait des années qu’elle ne s’était plus intéressée à ce qui se faisait. Le Docteur Griffin n’avait plus pris le temps de faire une sortie au cinéma depuis que Jake était tombé malade et puis, elle n’aimait pas y aller toute seule. Jake était celui qui la sortait tout le temps (l’obligeait à sortir serait plus juste) et qui l’aidait à s’instruire culturellement parlant, mais depuis qu’il n’était plus là, Abby avait abandonné tout ça.

Elle se mordilla la lèvre inférieure. “Peut-être juste un film, non ? Tu es fatigué et je sens que moi aussi. J’ai peur que si on lance une série, on y soit encore jusqu’à très tard.” Oui, voilà. Prendre l’excuse de la fatigue qui semblait les habiter pour éviter d’avoir à choisir devant la multitude de séries. Ça réduisait aux films maintenant. Abby continua de défiler, elle s’arrêtait parfois sur certains films pour en lire le synopsis, mais rien ne l’inspirait vraiment. Elle finit par s’arrêter sur Whiplash. Abby avait toujours apprécié la musique. S’il y avait bien une chose sur laquelle elle pouvait être étonnante c’était sur ça. Un film qui parlait de musique ne pouvait que lui aller. Elle appuya sur ok avant de tendre la télécommande à Marcus. “Et voilà, Monsieur le Général.” Elle sourit avant de se positionner plus confortablement contre son oreiller.

Abby essaya de fixer son attention sur le film pour éviter de penser au fait que Marcus et elle étaient dans le même lit et que rien ne pouvait se passer. Marcus l’attirait beaucoup trop. Elle s’accorda de simplement toucher sa main et de laisser ses doigts caresser doucement sa peau. Au bout de trente minutes de film, Abby repensa à la serviette qu’elle avait laissé sur le chauffage. Sans réfléchir plus, elle se leva du lit en repoussant la couverture puis se dirigea vers le chauffage avant de revenir près de Marcus. “Penche-toi un peu en avant.” Fit-elle en posant une main sur son épaule. Abby s’évertua à placer la serviette à l’endroit où il avait mal et le repoussa en arrière sur son oreiller. “La chaleur devrait pouvoir te soulager un peu.” Abby retourna à sa place et réalisa qu’elle n’avait pas pris la couverture avec elle pendant tout ce temps. Elle se sentit rougir jusqu’à la racine de ses cheveux. Merde. Elle se faufila de nouveau rapidement sous la couverture et n’osa pas regarder Marcus. Autant qu’elle continue de faire comme si tout allait bien tout en essayant de calmer les battements rapides de son cœur.

Au bout d’un moment, elle vit Marcus bouger du coin de l’oeil. Il se pencha suffisamment allant jusqu’à poser sa tête sur ses jambes. Abby ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire et le laissa faire. Elle ne fit aucun commentaire lorsqu’elle s’aperçut qu’il ne regardait plus du tout le film, elle se contenta de secouer la tête. Son poids se fit un peu plus lourd au bout de plusieurs minutes et Abby constata qu’il s’était endormi. Ce n’était pas surprenant. Au moins, il allait pouvoir dormir tranquillement ce soir sans être réveillé toutes les heures par des infirmières. Abby se laissa aller à la tentation de glisser ses doigts dans ses cheveux. Ils étaient doux et elle sentait qu’elle ne pourrait jamais se lasser de faire ça. Elle se permettait ce geste parce qu’elle savait qu’il devait être déjà loin et qu’il ne sentirait probablement rien. Elle aimait beaucoup trop de choses dans cette situation. Marcus contre elle, suffisamment à l’aise pour s’être endormi. Ses doigts caressant ses mèches inlassablement. La tranquillité qu’elle ressentait et qui n’avait plus été là depuis très longtemps. Au final, elle ne suivit plus grand-chose du film, son regard s’était posé sur Marcus qui dormait et un sourire totalement niais étirait ses lèvres.

Lorsque le film se termina, le silence tomba dans la chambre et Abby s’aperçut qu’elle n’avait pas envie de bouger. Elle attrapa la télécommande en prenant garde à ne pas réveiller Marcus et éteignit la télévision. Elle bougea un peu Marcus de façon à ce qu’il revienne presque à sa place initiale et déplia la grosse couverture qu’il lui avait donné pour qu’elle les enveloppe tous les deux. Abby s’allongea totalement et lui fit face. Elle distinguait à peine ses traits dans la pénombre de la chambre. Il lui semblait tellement vulnérable comme ça. Elle essaya de lutter le plus longtemps possible avant de capituler et de s’endormir à son tour. Pour la première fois depuis très longtemps, elle dormait avec quelqu’un d’autre et elle ne s’était jamais aperçue à quel point le silence qu’elle subissait chaque soir la dérangeait. Là, elle s’était laissée emporter par la respiration de Marcus. Abby avait gardé ses distances pendant la nuit et n’avait jamais aussi bien dormi. Elle n’avait pas eu besoin de prendre ses médicaments pour calmer son cerveau qui réfléchissait tout le temps.

Le lendemain matin, ça ne l’empêcha pas de se réveiller en premier. Elle eut, alors, tout le temps du monde pour observer Marcus de nouveau. Son visage lui paraissait beaucoup plus reposé que la veille. Il avait les joues un peu plus roses. Une fois de plus, un sourire niais se dessina sur ses lèvres. Elle resta encore un moment avant de se lever pour aller préparer le petit déjeuner. Elle savait d’avance qu’il allait probablement râler, mais elle s’en moquait. Elle enfila son pantalon et descendit dans la cuisine où elle prépara le café. Ce fut en entrant dans la pièce qu’elle se figea. Un chat était en train de manger tranquillement à sa gamelle. Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. “Salut toi.” L’animal redressa la tête et bougea ses oreilles avant de tourner ses yeux bleus magnifiques vers Abby. “Mange, ton maître dort encore. Tu pourras t’éclipser après.” Elle sourit avant d’aller jusqu’à la machine à café. Marcus lui disait quoi la veille ? Qu’il ne la voyait jamais. Il y avait des chances pour qu’il soit jaloux lorsqu’elle lui raconterait.

sujet terminé