La douleur lui vrillait le crâne encore une fois. Elle irradiait sous son crâne et rendait ses gestes plus lents et moins précis. Abby s’assit sur son lit et croisa ses mains face à elle. Elle n’avait pas réussi à dormir de la nuit. Elle repassait encore en boucle les dernières journées passées tout en essayant d’apaiser la douleur d’une manière ou d’une autre. Bien souvent, ça se soldait par un verre d’eau et une pilule salvatrice. Elle fixait un point invisible sur le sol et attendait une accalmie pour pouvoir se lever sans avoir envie de vomir. Elle passa ses mains sur son visage et massa un instant ses tempes tout en grimaçant. Même ça, ça ne fonctionnait pas. Elle avait mal. Elle remit ses cheveux en arrière avant de se rallonger dans son lit. Abby ferma les yeux pour essayer de se calmer. Chaque jour, elle repensait aux paroles de Jackson et à son inquiétude parfaitement visible. Elle tentait de décrocher et d’arrêter de prendre ses pilules parce qu’elle savait ce qu’il y avait dedans et elle savait que tomber dans l’addiction pour ça c’était monnaie courante. Elle devait faire attention, mais elle n’arrivait pas à supporter la douleur. C’était aussi un peu pour ça qu’elle avait demandé à Marcus de la laisser dehors. Lâchement, elle n’avait plus eu envie de lutter contre la douleur. Lâchement, elle avait été prête à abandonner Clarke. Elle posa le dos de sa main sur son front et tenta de contrôler les vagues de douleur qu’elle ressentait. En vain. C’était toujours là et elle avait l’impression de sentir la pression autour de son crâne. C’était insupportable et ça la rendait insupportable. La douleur lui faisait dire des choses qu’elle ne pensait pas. Comment avait-elle pu oser dire toutes ces choses à Marcus alors qu’elle n’en pensait aucune ?

La porte du dortoir s’ouvrit pour laisser entrer Jackson. Abby se redressa lentement en prenant appui sur le matelas. “Ça n’a pas l’air d’aller.” Constata-t-il. Le teint pâle d’Abby l’inquiétait. “Tu as pris combien de pilule ?” Elle s’empêcha de lever les yeux au ciel et posa un regard consterné vers son ancien apprenti. “Jackson, s’il te plaît.” Elle se releva complètement et se tint aux barres du lit superposé. “Je retourne à l’infirmerie.” Précisa-t-elle avant que Jackson ne l’arrête en refermant sa main autour de son bras. Elle baissa le regard vers ses doigts puis remonta jusqu’à ses yeux. “Tu dois te reposer.” Elle secoua la tête. “Je suis médecin et c’est une raison pour laquelle je suis encore en vie aujourd’hui. Alors non, je ne vais pas me reposer.” Fit-elle avec beaucoup d’amertume, les mots de Marcus résonnant toujours aussi fort en elle. Elle se détestait d’être aussi sèche alors que Jackson s’inquiétait simplement pour elle. Jackson ne répondit rien et la laissa passer alors qu’elle sortait du dortoir. Marcus et elle devaient parler. Il avait pensé qu’après la mort de Jaha ça allait les rapprocher de nouveau, mais il s’était trompé visiblement. Abby ne faisait aucun effort.

Elle se dirigea à travers le bunker jusqu’à la salle qui leur servait d’infirmerie et se rendit immédiatement vers l’armoire où ils stockaient tous les médicaments. Elle récupéra une seule pilule dans un des tubes et alla se servir un verre d’eau. Si elle devait servir à quelque chose, autant qu’elle ait les pensées claires. Elle reposa le verre et ferma un instant les yeux. Abby soupira avant de nouer ses cheveux en une tresse - comme au bon vieux temps - et de se diriger vers les malades ou les blessés du jour. Il était temps pour Abby de se mettre au travail et d’essayer d’oublier la douleur et la rancune et tout ce qui faisait qu’elle regrettait le choix de Marcus. Elle devait prouver sa valeur. Trois fois plus que les autres.

Abby s’était mise en pilote automatique. La douleur s’était calmée et elle arrivait enfin à aligner deux pensées cohérentes. Elle avait soigné un enfant aujourd’hui sans avoir les mains qui tremblent. C’était une première. Elle était en train de ranger du matériel tout en réfléchissant aux derniers événements. Ils étaient bloqués dans ce bunker pour une durée indéterminée. Une fois de plus, elle sentit l’angoisse lui nouer l’estomac. Ils étaient beaucoup trop nombreux ici. Comme lorsqu’ils étaient bloqués sur l’Arche, ils allaient devoir avoir une loi stricte. L’esprit pragmatique d’Abby savait que c’était la seule solution pour qu’ils arrivent à tenir jusqu’à trouver comment sortir d’ici. Mais avait-elle envie de retrouver cette ancienne politique ? Avait-elle envie que les siens replongent dans leurs travers ? Elle soupira tout en se mordant la lèvre inférieure. La situation était beaucoup plus préoccupante que ce à quoi elle s’attendait. Pouvaient-ils tenir jusqu’à ce que Clarke et les autres viennent les chercher ?

« Est-ce que je peux t’aider ? » Elle sursauta en entendant la voix calme de Marcus. Elle ne l’avait pas entendu entrer dans l’infirmerie. Abby se tourna pour lui faire face et sentit son coeur se serrer en voyant le regard qu’il lui lançait. Elle avait juste envie de se blottir dans ses bras et disparaître contre lui. Pour une fois, elle baissa la tête, ne supportant plus la peine qu’elle lisait sur son visage. Elle repensait encore à ce qu’ils s’étaient dit lorsqu’ils étaient attachés dans la serre. Les mots de Marcus tournaient dans sa tête encore et encore. Elle avait été cruelle de penser un seul instant que Marcus aurait exécuté sa demande de la laisser à l’extérieur du bunker. A chaque fois, elle revoyait la lueur blessée dans son regard et c’était insupportable. Pourquoi est-ce qu’elle continuait à lui faire du mal continuellement ? “Marcus… je…” C’était bien la première fois qu’elle n’arrivait pas à trouver ses mots avec lui. Elle se revoyait lui dire que si elle était si importante que ça pour son rôle de médecin, pourquoi est-ce qu’il avait tenu à l’envoyer à la dérive lorsqu’ils étaient sur l’Arche. Elle se haïssait d’avoir remis ça sur le tapis alors que c’était il y a si longtemps. Marcus n’avait pas respecté son choix, mais si elle réfléchissait quelques instants et qu’elle échangeait les rôles, elle non plus n’aurait pas sacrifié Marcus. Pour rien au monde elle aurait fait une chose pareille. Il avait appris à être diplomate avec les années et ça lui réussissait plutôt bien d’être conseiller. Ils avaient tous besoin de Marcus. Abby avait besoin de Marcus. Encore plus que ce qu’elle voulait croire.

Elle redressa enfin la tête. “Ça va. Je rangeais juste l’infirmerie.” Répondit-elle simplement. Elle voudrait dire plus, lui expliquer qu’elle comprenait bien ce qu’ils s’étaient dit lorsqu’ils étaient attachés. Mais elle n’arrivait pas à s’enlever de la tête ce que Kara lui avait fait remarquer. Elle n’aurait jamais rouvert la porte du bunker si ça n’avait pas été pour Marcus. Depuis qu’ils étaient ensemble, elle était devenue un peu plus égoïste, elle faisait tout pour que Marcus soit protégé, vivant et en bonne santé. L’amour qu’elle avait développé pour lui était en train de la consumer entièrement au détriment de son peuple. “Tu voulais quelque chose ?” Finit-elle par demander. Elle était plus calme sans la douleur pour parasiter ses pensées. Elle réfléchissait mieux. Voir son amant si proche lui donnait juste envie de franchir les quelques centimètres qui les séparaient pour l’embrasser et sentir sa chaleur et son odeur qu’elle aimait tant. C’était douloureux de constater qu’il lui manquait beaucoup trop.

Abby sentit son rythme cardiaque s’accélérer en l’entendant dire qu’il venait pour la voir. Elle ne le méritait pas. Cette pensée l’écrasa d’un seul coup. Plus elle repensait à tout ça et plus c’était ce qui lui sautait aux yeux. Comment avait-elle pu lui dire qu’elle l’aimait juste après lui avoir demandé de la sacrifier ? Quel genre de personne faisait ça ? Elle serra les poings malgré elle. Marcus rajouta ensuite qu’il voulait savoir comment elle se sentait. Abby releva la tête pour planter son regard dans le sien. Marcus étira ses lèvres en un mince sourire et son coeur rata plusieurs battements. Il s’approcha d’elle encore et vint prendre une mèche de ses cheveux entre ses doigts. Abby dut se faire violence pour ne pas chercher le contact encore plus. Elle n’avait qu’une envie c’était de le supplier de l’embrasser et de lui pardonner puis de lui faire oublier tout ça. « Tu n’as pas eu de problèmes avec les natifs ? » Une fois de plus, elle repoussa ses pensées le plus loin possible. Elle ne s’écarta pas de Marcus pour autant. Elle secoua la tête. “Non, pour l’instant ça va. Personne ne m’a rien fait ou n’a fait du mal à Jackson.” Précisa-t-elle. Quant à sa première question, elle ne savait pas quoi lui répondre. Elle survivait comme toujours, comme depuis qu’ils étaient arrivés sur Terre. Elle commençait juste à être épuisée par l’impression qu’ils n’allaient jamais connaître la véritable paix. Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas, toujours quelque chose pour venir troubler leurs instants de bonheur. La nuit qu’ils avaient passé à Polis semblait remonter à tellement longtemps qu’elle pouvait presque croire qu’elle l’avait rêvée.

“Si nous trouvons un moyen pour sortir de ce bunker un jour, ça ira probablement mieux.” Répondit-elle à voix basse. Son regard était perdu dans celui de Marcus. “En attendant… il faut faire avec alors je ne sais pas, Marcus. Aujourd’hui, oui, ça va.” Ça allait parce qu’elle avait arrêté la douleur à coup de pilule, mais d’ici quelques heures, tout reviendrait. Kara. La mort de Jaha. La violence qui grondait dans le bunker. Tout. Abby s’en voulait de réagir comme ça. Elle se recula un peu, obligeant Marcus à lâcher la mèche de cheveux qu’il tenait entre ses doigts. Marcus méritait mieux. Une nouvelle fois, cette pensée la tiraillait. “Et toi ? Comment tu te sens ?” Elle oubliait presque qu’il avait perdu un ami cher. Malgré tout ce qu’il s’était passé avec Thelonious, Marcus avait été prompt à lui pardonner et à l’écouter de nouveau. Elle ne pouvait qu’imaginer la douleur qu’il ressentait de voir mourir un ami proche. Elle ne comptait plus le nombre de morts qu’ils avaient vu dans leur vie. Marcus se préoccupait toujours du bien être des autres avant le sien. Pour une fois, elle décida qu’il en serait autrement. Elle ferait tout pour son bonheur, même si ça voulait dire s’éloigner de lui pour le préserver.

Tu me manques. Abby pinça ses lèvres. Il lui manquait aussi. Elle s’en était aperçue quand ils avaient été attachés ensemble. L’avoir eu si proche d’elle avait fait remonter tout ce qu’elle s’était évertuée à masquer par ressentiment. Entendre sa voix chaque matin lui manquait. Sentir ses doigts sur sa peau lui manquait. L’embrasser lui manquait. Tout lui manquait. C’était effrayant pour elle de se rendre compte de l’amour qu’elle ressentait pour Marcus Kane. « Je t’en prie, arrête de me repousser. » La douleur qu’elle lisait dans ses yeux lui donna envie de pleurer et de s’excuser encore et encore. Pourquoi est-ce qu’elle lui faisait mal comme ça ? Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ? Marcus franchit les quelques centimètres qui les séparaient l’un de l’autre et prit son visage entre ses mains. Abby ne put s’empêcher d’appuyer sa joue contre sa paume. Ce contact lui avait tellement manqué. Encore une fois, il lisait en elle sans aucun problème. Il la connaissait mieux qu’elle ne se connaissait elle-même. Il vint poser son front contre le sien et ça la renvoya quelques mois auparavant lorsque Charles avait condamné Marcus et qu’Abby avait compris qu’elle ne ressentait pas qu’une profonde amitié pour lui. Jake avait été très important dans sa vie, mais elle avait réussi à survivre sans lui. Par contre, elle ne savait pas si elle pourrait survivre sans Marcus. Elle ferma les yeux à son tour et glissa ses mains au niveau de ses coudes puis elle alla les poser sur ses hanches. Elle accrocha ses doigts au tissu gris de son haut. “Je t’aime, Marcus.” Lâcha-t-elle en guise de réponse. Son coeur battait beaucoup trop fort dans sa poitrine. La dernière fois qu’elle lui avait dit, le moment était totalement inapproprié et elle avait juste réussi à gâcher ça. Il méritait de l’entendre encore pour qu’il ne doute pas de son amour. “Je t’aime tellement et tu ne mérites pas… ce que je te fais subir.” Souffla-t-elle. Sa voix tremblait sous l’émotion et sous l’envie de laisser sa peine s’exprimer. Elle ravala ses larmes et garda les yeux fermés. Elle pressa un peu plus ses paupières et fronça les sourcils.

Clarke était probablement dans l’espace avec les autres, il ne lui restait plus que Marcus. Arrête de te torturer, Abby, laisse-le entrer, se disait-elle. Elle devait juste le préserver de la douleur qu’elle ressentait constamment et qui ne risquait pas de s’arranger avec le temps. Elle devait passer sous silence les médicaments qu’elle prenait un peu trop régulièrement au lieu d’essayer de lutter. Abby devait préserver Marcus à tout prix sinon ça ne servirait à rien. “Embrasse-moi, Marcus.” Demanda-t-elle à voix basse. Elle voulait faire taire les pensées négatives qui l’assaillaient. Elle ne voulait penser qu’à eux, à la douceur des gestes de Marcus et non pas à la douleur. Elle ne voulait penser qu’à sa voix rassurante et réconfortante et non pas au bunker et ses habitants et probablement le fait qu’ils n’allaient pas pouvoir survivre aussi longtemps que prévu. Elle ne voulait penser qu’à lui et pas au fait qu’elle avait voulu qu’il la sacrifie. “S’il te plaît.” Sa colère s’était évanouie parce qu’elle se rendait compte qu’elle n’était plus tournée vers Marcus, mais vers elle-même. Elle avait perdu le contrôle de ses pensées et d’elle-même alors que Marcus avait toujours tout fait pour elle. Elle n’avait plus à être en colère contre lui.

Abby sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine lorsqu’il l’embrassa doucement. Le contact de ses lèvres contre les siennes manqua de la faire défaillir. Comme à chaque fois que Marcus lui donnait un baiser. Le baiser était léger et doux. Sa prise sur son tee-shirt gris se raffermit encore. Elle ouvrit légèrement la bouche pour essayer de reprendre de l’air et Marcus prit ça comme une invitation. Elle le laissa approfondir et elle sentit le changement s’opérer chez le Chancelier. Il mêla beaucoup plus de passion et de frustration. Frustration qu’Abby ressentait aussi. Elle lui donnait autant que lui. Elle mordilla très légèrement sa lèvre inférieure avant de le regarder avec une lueur d’envie dans les yeux. Marcus la fit reculer et Abby s’arrêta en sentant un mur dans son dos. Elle releva la tête pour le regarder. Comme elle, il avait le souffle un peu plus court. Marcus était magnifique comme ça. Il posa une main contre le mur et l’autre vint contre la joue de la doctoresse. Une fois de plus, elle s’appuya contre sa paume et le laissa se pencher en avant pour un autre baiser. Cette fois, Abby relâcha son tee-shirt et vint glisser ses mains dans les cheveux de Marcus. Le baiser n’avait plus rien de timide. Heureusement pour Abby, elle était appuyée contre le mur. La passion que Marcus mettait dans ce baiser la désarçonnait. Elle sentait que son corps réagissait et pour une fois, elle fit taire sa raison pour laisser ses émotions prendre le dessus. Elle se perdait dans le désir, elle voulait Marcus. Ses mains s’accrochèrent un peu plus dans ses cheveux alors que leurs bouches ne se séparaient pas et qu’elles se mouvaient ensemble en un rythme qui fit gémir Abby. Ils finirent par se séparer, à la recherche d’un peu d’air. Il la regarda dans les yeux avant de lui dire qu’il l’aimait aussi. Elle sourit simplement. Elle le savait. Elle l’avait compris. Néanmoins, elle sentit tout son corps s’embraser à ces simples mots.

C’était si différent quand c’était lui qui les disait. “Marcus…” Commença-t-elle. Il ne lui laissa pas le temps d’en dire plus. Ses mains vinrent se poser sur ses hanches, passant sous son haut et la faisant frissonner de la tête aux pieds. C’était risqué. Elle savait très bien que si elle le laissait faire là, elle ne pourrait pas l’arrêter. Elle en serait incapable. « Je ne veux plus te perdre. » Abby posa sa tête contre le mur alors qu’il passait de ses lèvres à son cou. Abby ferma les yeux et laissa un soupir d’envie franchir ses lèvres. Ses doigts glissèrent de ses cheveux jusqu’à ses épaules. Ses mains à lui, quant à elles, remontaient sous son haut. Abby se mordit la lèvre inférieure et laissa sa tête glisser légèrement contre le mur pour lui donner un meilleur accès. Elle avait besoin de le sentir contre elle et de redécouvrir ses caresses. Son coeur était au bord de l’explosion. Son sang battait à ses tempes et elle n’arrivait plus vraiment à aligner deux pensées cohérentes. Tout ce qu’elle sentait c’était les mains de Marcus sur sa peau et ses lèvres dans son cou et sa barbe qui chatouillait sa peau. “Marcus…” Réitéra-t-elle. “Je ne suis pas sûre que...” Il acheva ses pensées en venant mordiller très légèrement son oreille. Elle ne put terminer sa phrase puisqu’il venait tout juste d’utiliser un point sensible chez elle contre elle. “Marcus… et si quelqu’un entre ?” Réussit-elle à articuler malgré tout. Parce qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas l’arrêter et qu’elle ne pourrait pas s’arrêter non plus. Elle avait besoin de lui. Les doigts de Marcus remontait toujours, lui arrachant d’autres soupirs de plaisir. Ce contact lui avait tellement manqué. Abby chercha son regard. Il se détacha un peu d’elle. La lueur chargée d’envie qu’elle vit dans ses yeux la fit frissonner entièrement. Elle caressa doucement sa nuque pendant qu’elle essayait de retrouver une respiration normale.

La voix grave de Marcus lui donna l’impression qu’elle allait fondre sur place. Il y avait tellement de désir dans son ton qu’elle sentit une nouvelle fois sa peau frissonner. Elle ouvrit un peu plus les yeux en sentant qu’il se reculait. Est-ce que finalement il était devenu raisonnable et ne souhaitait pas poursuivre ? Abby allait être presque déçue si c’était le cas. Ses yeux accrochèrent les siens. Ceux de Marcus étaient beaucoup plus sombres. Il la scrutait et elle avait l’impression d’être la proie que le prédateur chassait. S’il n’avait pas esquisser son sourire rassurant juste après, elle aurait continué à retenir sa respiration. Il y avait toujours beaucoup de passion entre eux. Une passion qui consumait Abby toujours plus et après autant de mois sans pouvoir se voir, se toucher ou s’embrasser, elle savait qu’elle était condamnée. La preuve en était, elle n’avait pas argumenté beaucoup plus que ça.

Les mains de Marcus était toujours contre sa peau devenue brûlante par les caresses et l’envie qui montait en elle. Il les remonta et lui fit retirer le haut qu’elle portait. Le contraste chaud et froid lui arracha un nouveau frisson. Elle observa attentivement Marcus faire de même. Son regard le détailla sans aucune gêne. Sans lui laisser plus de temps, Marcus revint capturer ses lèvres et les doigts d’Abby entrèrent en collision avec la peau brûlante de son torse. Il l’embrassa avec fougue, lui arrachant des gémissements çà et là. Les doigts d’Abby glissèrent de son torse à son dos alors qu’elle répondait à ce baiser avec autant de fougue que lui. Elle s’accrochait à lui avec force. La sensation de sa peau sous ses doigts lui avait manqué beaucoup plus qu’elle ne voulait le croire.

Elle sentait que Marcus était pressé et qu’il perdait peu à peu le contrôle de ses gestes. Ses mains ne cessaient de la toucher et elle perdait un peu plus la tête. Son dos se cambra un peu plus lorsqu’il se colla totalement à elle et qu’elle sentit son envie d’elle à travers son pantalon. “Marcus…” Murmura-t-elle. Il abandonna ses lèvres pour embrasser son cou, puis son épaule droite et elle retint sa respiration alors qu’il arrivait peu à peu à sa poitrine. Abby revint positionner ses bras sur ses épaules, ses doigts se perdant dans ses cheveux. Marcus descendait encore et s’attarda un court instant sur sa poitrine, à travers le tissu. Abby appuya de nouveau sa tête contre le mur et frémit encore plus lorsqu’il arriva à son ventre. Elle sentit les doigts de Marcus se poser sur les boutons de son pantalon et il releva enfin la tête pour croiser son regard.

Abby se retrouva dans l’incapacité de formuler le moindre mot, aussi, elle se contenta d’hocher la tête. Elle n’était pas sûre de l’état de sa voix. Toutes ses pensées étaient tournées vers Marcus et son fichu sourire en coin. Abby s’appuya sur l’épaule de Marcus pour retirer ses chaussures et elle les éjecta un peu plus loin. Puis elle se débarrassa de son pantalon qu’elle repoussa du bout du pied. Abby était désormais en sous-vêtement face à Marcus toujours accroupi face à elle.

Il la dévorait des yeux et elle ne put retenir son sourire plus longtemps. Elle posa une main sur la joue de son amant et s’amusa à passer ses doigts dans sa barbe. Tout l’amour qu’elle ressentait pour lui se lisait dans ses yeux. Elle se pencha en avant et l’embrassa tendrement avant de mordiller une nouvelle fois sa lèvre inférieure. “Fais-moi tienne, Marcus.” Murmura-t-elle contre ses lèvres. Ses doigts glissèrent dans les cheveux de son amant. Elle sentait la main de Marcus remonter le long de l’arrière de sa jambe. Abby avait l’impression que son coeur était au bord de l’explosion.

Ils étaient tous les deux essoufflés et ils refusaient de bouger. Abby appuya sa tête contre le mur et à travers ses cils, elle observait Marcus qui reprenait sa respiration. Elle le trouvait encore plus beau dans cet état. Au bout de quelques minutes, il se retira, desserra sa prise autour de sa taille et Abby put laisser ses pieds regagner le sol. Il refusait toujours de se détacher d’elle et elle laissa échapper un léger rire. “C’était…” Avait-elle réellement les mots pour décrire ce qui venait de se passer ? Non pas vraiment. La pièce avait gagné quelques degrés. Leurs vêtements étaient éparpillés au sol. Ils étaient tous les deux nus avec des yeux encore brillants de plaisir. Abby remit une mèche de cheveux tombant sur le front de Marcus en arrière et laissa mourir ses doigts sur sa joue. Elle caressa doucement sa barbe avant de se mettre sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser. “Parfait.” Fit-elle pour terminer sa phrase. Son coeur débordait d’amour pour cet homme. “Il faudrait éventuellement qu’on pense à se rhabiller.” Constata-t-elle. Même si elle voudrait garder le maximum de contact avec Marcus, elle n’était pas sûre de vouloir qu’on les trouve comme ça. “Non ?” Toujours contre lui, ses doigts traçaient des cercles dans son dos alors qu’elle avait posé son menton contre son torse. Elle avait redressé la tête pour l’observer, sa respiration retrouvant un rythme normal.

La face cachée de Marcus Kane était toujours aussi plaisante à voir. Il était devenu un autre homme. Si on lui avait dit qu’ils en seraient là aujourd’hui des années auparavant, Abby ne l’aurait jamais cru. Marcus avait toujours été le visage de tout ce qui pouvait la mettre en colère. Maintenant c’était différent. Ils étaients différents. Marcus s’écarta d’elle, récupéra ses vêtements et lui tendit. Elle sentait toujours son regard sur elle aussi elle mit plus de temps à couvrir son corps. Elle se figea un instant en entendant la voix de Jackson de l’autre côté de la porte. La voix d’Indra s’éleva alors et Abby eut un éclair de réalisation. Voilà comment Marcus pouvait être aussi certain que personne ne viendrait les déranger. La grounder gardait l’entrée. Abby haussa un peu les sourcils en voyant l’air coupable de Marcus. Elle laissa échapper un rire. “Je me disais bien que c’était bizarre qu’on ne soit pas venu me voir depuis que tu es arrivé. Je comprends mieux pourquoi.” Fit-elle en lançant un regard amusé à Marcus. Finalement, les voix se turent et le silence retomba de l’autre côté de la porte. « Je crois qu’on a encore un petit peu de temps. » Il vint déposer un baiser sur sa joue avant de lui suggérer de refaire sa tresse. Il était vrai que ses cheveux ne devaient pas ressembler à grand-chose en l’état. « Ou sinon… » Elle le laissa approcher et lever la main en direction de sa tresse. Il se saisit de l’élastique et le retira délicatement avant de défaire sa coiffure avec la même douceur. Abby le laissa faire, ses mains accrochées à son haut, toujours en sous-vêtements face à lui. Elle secoua un peu la tête lorsqu’il retira ses doigts de ses cheveux faisant tomber quelques mèches sur son front. Elle les chassa en passant une main pour les remettre en arrière.

A son grand regret, Marcus récupéra ses vêtements et commença à se rhabiller. Abby l’arrêta au moment où il tenta de mettre son haut gris. Elle venait d’apercevoir les griffures qu’elle lui avait fait. Elle se mordit la lèvre sous l’embarras. “Marcus… désolée…” S’excusa-t-elle. Ce n’était pas la première fois qu’il y avait autant de passion, mais comme toujours, elle s’en voulait lorsqu’elle lui faisait mal. Elle l’obligea à se tourner pour constater les dégâts. Elle fronça les sourcils, déposa ses vêtements sur une chaise avant d’aller chercher de quoi nettoyer. Elle se dirigea vers le placard où elle récupéra une compresse qu’elle imbiba de désinfectant avant de revenir auprès de Marcus. Elle posa une main sur sa hanche et se mit sur la pointe des pieds. Elle embrassa son dos un court instant. “Ça va piquer un peu.” Prévint-elle. Elle vint déposer la compresse sur les marques que ses ongles avaient laissé. Elle nettoya en prenant garde à ses réactions. S’il flanchait un peu trop, elle y allait plus doucement. Cela ne prit que quelques secondes. Elle posa la compresse sur la table non loin en se gardant en tête de la jeter plus tard. “C’est bon, Chancelier Kane.” Une fois de plus, elle déposa un baiser dans son dos avant de s’éloigner de lui pour le laisser se rhabiller.

Elle récupéra ses propres vêtements et enfila son haut et son pantalon à la suite. Elle chercha ses chaussettes et ses chaussures et en un rien de temps, c’était comme si rien ne s’était passé. Il n’y avait que ses cheveux désordonnés et ses lèvres gonflées par les baisers qu’ils s’étaient donnés qui trahissaient des événements qui s’étaient produits dans cette infirmerie.

« Vous êtes une sauvage Chancelière Griffin. » Abby se mit à rire à sa phrase, au titre. Elle répondit à son baiser avant de secouer la tête. Elle se sentait plus légère et plus détendue. La douleur sous son crâne avait disparu pour le moment. Elle mettait de côté aussi l’horrible pression sur ses épaules disant qu’elle devait faire encore plus ses preuves que les autres parce qu’on avait choisi de la remettre dans le bunker. Mais elle ne pouvait pas en vouloir plus longtemps à Marcus. Elle comprenait son choix puisqu’elle aurait agi de la même manière si les rôles avaient été inversés. Abby comprenait enfin tout ça. Elle avait fini d’attacher ses chaussures lorsqu’elle releva la tête pour apercevoir Marcus qui tentait de remettre de l’ordre dans ses cheveux. C’était un geste qu’il faisait régulièrement et qu’elle aimait qu’il fasse sans pouvoir expliquer pourquoi. Comme beaucoup de choses que Marcus faisait et qu’Abby avait remarqué à force de l’observer. « C’est toujours notre heure de repas. Tu veux m’accompagner ? » Abby soupira. Avait-elle faim seulement ? Marcus ébranla ses pensées en s’approchant d’elle et en prenant ses mains dans les siennes. Elle redressa la tête et planta son regard dans le sien. Encore une fois, tout l’amour qu’elle lisait dans ses yeux lui donnait toujours autant envie de se blottir contre lui et de ne plus bouger. S’ils arrivaient à sortir de ce bunker un jour, ils se devaient de construire leur vie ailleurs. Loin des grounders. Loin des conflits. Juste eux. Il n’y aurait que Clarke et quelques privilégiés qui sauraient où les trouver et personne d’autre. C’était une pensée très égoïste, mais après avoir passé sa vie à gérer les autres, elle était fatiguée et elle voulait profiter un peu.

Elle détacha une de ses mains des siennes et vint caresser sa joue. “Allons-y.” Sans le lâcher, ils sortirent de l’infirmerie. Indra se tenait devant la porte. Son air sévère sur le visage se détendit en les voyant main dans la main avec un léger sourire sur les lèvres. “Vous avez réussi à discuter ?” Abby retint son rire et hocha simplement la tête. “Merci pour ta patience, Indra.” La grounder sourit un peu avant de répondre. “Ce n’est rien.” Pour Abby, c’était beaucoup. Surtout vu ce qu’il s’était passé. Il n’avait pas fait que parler et indirectement Indra avait assisté à ça. “Je suppose que vous allez manger ?” La doctoresse lança un regard à Marcus et hocha la tête. “Je vais vous laisser là dans ce cas.” Indra salua les deux chanceliers avant de partir. Abby se tourna vers Marcus. “On lui en doit une.” Elle esquissa un simple sourire avant de poursuivre leur route jusqu’au réfectoire où se trouvaient tous les autres skypeople pour le repas.

Abby prit son propre plateau, fit un vague sourire à la personne occupée à distribuer les repas et récupéra sa part. En se tournant, elle croisa le regard de Jackson qui hocha simplement la tête, esquissant un simple sourire. Miller, à ses côtés, passa un bras autour des épaules de l’autre homme. Elle le lui rendit son sourire. Ça l’attendrissait toujours de voir Miller et Jackson ensemble. Elle fit un pas dans leur direction avant de voir Marcus, installé un peu plus loin. Elle lança un regard désolé à Jackson avant de rejoindre le Chancelier. « J’arrive jamais à savoir si je préfère cette nourriture ou celle de l’Arche. » Abby soupira tout en s’installant sur une chaise en face de lui. “Je ne sais pas non plus à vrai dire.” Ce n’était pas meilleur que sur l’Arche, c’était certain. Et c’était aussi une toute petite ration. Avec Jackson, ils avaient fait les calculs. En toute logique, ils pouvaient tenir cinq ans. Techniquement. Sous réserve que tout se passe bien. Ce qui n’était pas gagné. Abby redressa la tête pour s’empêcher de plonger de nouveau dans ses réflexions. Vivre l’instant. Profiter de Marcus. C’était ce qui comptait là tout de suite. La main de l’homme vint jusqu’à la sienne et ses doigts effleurèrent les siens. « Je me dois de te poser la question. Comment va ta tête depuis le bain glacé ? » Abby hésita. Devait-elle réellement lui parler de la douleur ? De la peur constante qu’elle revienne ? Devait-elle l’accabler encore plus alors qu’il avait ce même regard inquiet qu’il avait posé sur elle un peu plus tôt dans l’infirmerie ? La réponse à tout ça, c’était non. Elle s’était promis de le préserver et de tout faire pour qu’il ne s’inquiète pas pour elle. Alors Abby se contenta d’hausser les épaules. “Ça va.” Elle pensait aux médicaments qu’elle prenait toujours et dont elle justifiait le fait d’en prendre par de la prévention. Elle en avait besoin pour s’assurer qu’elle n’aurait plus mal. Elle en avait besoin pour empêcher ses mains de trembler.

Si elle était un brin lucide, Abby se rendrait compte de l’addiction qui commençait à empoisonner ses pensées. Peut-être aussi qu’elle écouterait Jackson. Peut-être aussi qu’elle inquiéterait Marcus. Mais elle arrivait à gérer, elle pouvait arrêter quand elle le voulait. Elle prenait juste sa dose juste pour éviter que ça revienne. Croyait-elle. “C’est… mh gérable.” Renchérit-elle avant de prendre sa fourchette dans sa main libre et de commencer à manger. Elle retint une grimace. Le goût n’était pas terrible, elle devait bien l’admettre. “Bon appétit.” Fit-elle pour changer de sujet. Ne pas inquiéter Marcus n’était pas facile pour elle. Abby n’avait pas joué dans son intérêt en le repoussant comme elle l’avait fait. Elle n’avait pas non plus été très maligne en demandant ses médicaments à Jackson quand ils étaient attachés. Mais c’était difficile d’avoir des pensées cohérentes en état de manque. “Quel est ton programme du jour ?” Finit-elle par lui demander sans esquiver son regard une seule fois. Elle était persuadée qu’elle agissait pour son bien en lui cachant qu’elle avait juste peur que ça revienne.

Abby devait bien se douter que cette réponse n’allait pas satisfaire Marcus. Elle leva les yeux vers lui lorsqu’il reprit ses questions sur son état. Elle n’avait pas envie de lui répondre franchement parce qu’elle savait très bien qu’elle verrait de l’inquiétude dans ses yeux et qu’il chercherait immédiatement une solution là où il n’y en avait pas. “Marcus…” Abby enlaça ses doigts avec les siens et son pouce caressa doucement sa peau. “Ça veut dire que je peux m’en occuper, tu n’as pas à t’inquiéter.” Elle se retenait de lui dire qu’elle était terrorisée à l’idée de replonger dans la douleur. Dès qu’elle avait le début d’un mal de crâne, elle se ruait vers les médicaments par peur que ça ne recommence. Par peur qu’ALIE soit toujours là quelque part. Elle savait que le bain glacé était suffisamment, mais il y avait toujours comme un doute. Le terrible et si qui traînait dans un coin de sa tête. Et fatalement l’addiction commençait à l’attraper. Elle empêchait Abby d’avoir des pensées cohérentes et l’entourait de doutes. Abby taisait tout ça. Peut-être qu’un jour, elle réussirait à lui en parler, mais pour l’instant, elle voulait juste retrouver Marcus et rien de plus. « Les Ambassadeurs ont réclamé une rencontre avec Octavia au sujet de l’arène. » Abby hocha la tête. L’arène. C’était punitif et expéditif, mais quelque part, Abby comprenait. Ils étaient beaucoup trop dans ce bunker pour espérer pouvoir vivre en parfaite harmonie. Octavia se devait d’être impartiale. Un sourire en coin s’étira sur les lèvre d’Abby à la dernière remarque de Marcus sur le fait que le bunker se transformait petit à petit en Arche. Elle se retint de dire qu’au moins ici, personne ne serait envoyé à la dérive. Ce n’était pas une remarque qu’elle pouvait faire. “Elle fait du mieux qu’elle peut. On ne peut pas lui en vouloir d’essayer une autre méthode que la nôtre.” Et la jeune fille avait été claire là-dessus. Suffisamment traumatisée par son passé, elle ne voulait pas reproduire les lois de l’Arche. Ça aussi, Abby comprenait.

La vie dans le bunker n’était pas facile. En tant que leader, Octavia se devait d’être dure et impartiale. Abby savait que se reposer sur une gamine qui sortait à peine de l’adolescence était un choix risqué. Et que, potentiellement, il y avait de grande chance pour que son équilibre mental soit touché. Seulement, Octavia avait été choisie par l’ensemble des clans. “On est là pour l’épauler et la conseiller. Et tu sais plutôt bien faire ça dans ton cas.” Autre sourire en coin tout en le regardant dans les yeux. Elle reposa sa fourchette sur son plateau et vint poser sa main sous celle de Marcus. Elle la releva et vint déposer ses lèvres sur le haut de ses doigts avant de la reposer sur la table. “Tu veux bien manger maintenant ?” Elle voulait qu’il chasse l’inquiétude de ses pensées. Ils penseraient plus tard à Abby et ses migraines (imaginaires ou non) et à Octavia et ses décisions difficiles. Abby voulait juste que Marcus se sente bien. Elle faisait ça un peu égoïstement. Si son attention était détournée d’elle, il ne poserait plus de questions sur sa tête (espoir un peu naïf de sa part, avouons-le).

La méditation pouvait être une solution, elle n’avait jamais testé et à vrai dire, elle ne savait pas si elle aurait assez de discipline pour y arriver. Abby s’impatientait très vite et encore plus quand ça ne fonctionnait pas rapidement. Marcus avait plus de chance de l’entendre râler que de la voir réussir. « Il n’y a pas une étude qui dit que le sexe peut soulager les maux de tête ? Si c’est le prix à payer pour t’aider, je suis volontaire. » Abby le dévisagea un instant en sentant ses joues chauffer. Est-ce qu’il venait réellement de lui dire ça ? Elle avisa son sourire. Et en plus il était fier de lui. Elle secoua la tête, se mordit la lèvre et rit légèrement. “Je ne sais pas, je n’ai jamais testé cette théorie.” Répondit-elle en prenant le même ton que lui. Il était incorrigible. Mais pendant un instant, il l’avait fait sourire sur ce sujet ce qui n’était pas gagné.

Abby soupira lorsqu’il parla de violence et de spectacle. Elle était d’accord sur le fond, mais ça lui semblait nécessaire. Elle se demandait depuis combien de temps ils avaient échangé les rôles elle et lui. Quand est-ce qu’elle ne faisait plus vraiment dans l’émotion et plus dans la réflexion ? Quand est-ce que Marcus pensait au bonheur collectif et à sauver le plus grand nombre ? Elle hocha la tête lorsqu’il appuya le fait qu’Octavia allait avoir besoin des adultes pour l’aider à avancer. Abby ne savait pas vraiment en quoi elle pouvait être utile à la jeune fille. Elle pouvait simplement apporter son expertise médicale et alerter sur les potentielles épidémies et problèmes de santé qui pourraient les décimer en quelques mois, mais rien de plus.

Lorsqu’il répondit par l’affirmative sur le fait qu’il allait se mettre à manger, Abby l’observa faire. « C’est mieux Docteur ? » Abby sourit et hocha la tête. « Tu avais beaucoup de travail à l’infirmerie aujourd’hui ? » Il n’y avait pas beaucoup à faire, mais pouvait-elle se permettre de laisser Jackson tout seul ? Est-ce qu’elle pouvait se permettre de prendre du bon temps ? Égoïstement, elle avait vraiment envie de rester avec Marcus. Depuis Polis, ils n’avaient jamais pu avoir de véritables moments rien qu’à eux sans être interrompus toutes les cinq minutes. “Je… je ne sais pas, Marcus. Les malades sont traités, mais si jamais ils ont besoin de soin immédiat, il faut que je sois là.” Elle recommençait avec sa culpabilité et avec la pression qu’elle se mettait toute seule sur les épaules. Elle pensait encore aux mots de Kara et au fait qu’encore une fois, elle avait fait des choix égoïstes.
Sans qu’elle s’en aperçoive, Jackson s’était approché de leur table. “Marcus, je compte sur toi pour obliger Abby à se reposer pour le reste de la journée.” Abby tourna son regard vers le jeune médecin et ouvrit la bouche pour protester avant qu’il ne lui coupe l’herbe sous le pied en renchérissant. “Il est inutile qu’elle s’épuise et ça fait trop longtemps qu’elle n’a pas pris du temps hors de l’infirmerie.” Jackson échangea un long regard avec Marcus. Elle avait l’impression d’être prise au piège et se renfrogna en voyant l’air victorieux que Jackson avait sur le visage. Il savait qu’il la mettait au pied du mur en appuyant le fait qu’elle n’avait pas pris une minute pour elle depuis… des jours ? Et qu’il comptait sur Marcus pour qu’elle arrête d’en faire trop puisque c’était la seule personne qu’elle voulait bien écouter.