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Combien de marcheurs avait-elle tuer aujourd'hui ? Luna ne les comptait même plus. Sa rage l'empêchait de voir ce qui était bien ou mal. Était-ce mal de prendre autant de risques pour évacuer sa colère ? Probablement. Était-ce bien de tuer ce qu'elle nommait des "marcheurs" ? Sûrement. A quoi bon réfléchir quand le passé vous pèse tellement dans la conscience que vous vous souvenez de chaque détails d'un moment qui vous a brisé ? Pourquoi est-ce que Luna lutait ? Pour retrouver les siens ? Non. Son sang de couleur noir faisait d'elle une traître. Pour revoir Lexa ? Pour revoir Lincoln ? Non, ce n'était pas pour cela. A vrai dire, elle se battait pour se libérer. Parce que c'était la seule manière pour elle de retrouver un semblant de paix pendant quelques minutes suivant un combat. Ce soir, elle était armée de deux sabres, son trident était dans son dos. Et bien que la guerrière expérimentée avait tué bon nombre de marcheurs, les flashback la reprenait violemment. Elle se revoyait sur la plateforme pétrolière, cheffe du clan des flots, à bâtir ce lieu paisible. Il a suffit d'une mort pour que l'épidémie ne se propage. Luna avait dut tuer les siens. Ses amis. Ses amants. Les enfants du clan. Comment pourrait-elle un jour redevenir la Luna paisible maintenant qu'elle se considérait comme un monstre ? Elle était redevenue violence et rage.

« Je suis responsable ! » S'exclama t-elle d'une voix tremblante en s'engouffrant dans une horde de marcheurs. Ses épées acérées tranchaient des cerveaux. Les larmes coulaient le long de ses joues brûlantes. Un marcheur sur le sol lui attrapa un pied et elle tomba en arrière, se blessant l'avant bras sur un bout de métal qui trainait. Luna était submergée par le nombre de marcheurs. Quand elle se releva, elle planta son sabre dans le visage de l'un d'eux. Tous les autres avaient disparus. Quelqu'un lui avait-il porté secours ? Luna se laissa tomber sur les genoux dans la marre de sang des cadavres autour d'elle. Sa crinière à la fois lisse et bouclée lui revenait sur le visage. Un murmure sortit d'entre ses lèvres. « C'est ma faute... »

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Finalement, la paix serait-elle éphémère ? Ne serait-elle qu'un court instant présente pour repartir ? Pire, était-elle une illusion ? Son regard plongé dans son propre reflet rouge venant de la marre de sang tiède, Luna se demandait si les choses auraient étés si différentes si elle n'avait pas fuit le Conclave. Si son règne en tant que Commandante aurait été basé sur la paix comme Lexa l'avait fait en créant la Coalition ? Ou bien aurait-elle été basée sur la terreur et la mort ? Comme est-ce que la Flamme l'aurait guidée ? Que lui auraient dit les esprits des anciens Commandants aujourd'hui ? Pour la première fois de sa vie, Luna enviait la Heda actuelle. Parce qu'elle se serait sentit beaucoup moins seule et aurait eu un but. Aujourd'hui quel est-il ce but... ? Reconstruire ? Aider les Hommes à survivre ? Mais le méritaient-ils seulement ? Une voix s'élève. Une voix grave. Neutre. Inconnue. Luna observa un second reflet dans cette marre qui commençait à disparaître pour nourrir le sol. "Tu t'en voudras plus tard, d'autres arrivent." Cette voix était aussi calme que celle de la Natblida pouvait l'être quand elle n'était pas prise de ces ... Visions ?

Son regard se releva enfin vers le visage de l'homme présent. Il lui tendait la main. Il l'avait entendu. Il l'avait vu dans un état de faiblesse. Luna devait se reprendre et se refermer. Ne pas être un livre ouvert. Les muscles de son visage se détendirent alors. Cette impassibilité que seul les plus forts des guerriers natifs connaissaient. Fermer son âme. Protéger son être. Ne rien montrer. Se fermer. Le regard de Luna changea. Elle devint calme mais obstinée à tuer. Elle saisit alors fermement la main de l'inconnu puis se releva complètement différente. Le temps semblait être ralenti. Luna croisa le regard océan de l'homme puis elle regarda une nouvelle horde qui arrivait. Elle rangea ses deux sabres dans leurs fourreaux puis se saisit de son arme de guerrière, celle qu'elle utilisait le mieux, son trident en forme de lance. Une fine pluie commença à tomber sur les deux personnes. Il était là, pourquoi, elle s'en foutait à ce moment précis.

Luna baissa la tête un moment puis ferma les yeux, sentant les goutes d'eau tombées contre ses mains nues. Elle murmure calmement en un souffle : « Ai giv ai op gon nemiyon kom lanik-de.* » Un soulagement éphémère la saisie à lui en faire frissonner l'échine. Puis elle releva son regard vers les marcheurs qui arrivaient en titubant. Luna saisit fermement sa lance puis se mit à courir avec une assurance qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Elle sauta en prenant appuie sur un tronc d'arbre puis s'attaqua aux marcheurs en gardant ses précautions afin de ne pas être mordue ou griffée. Luna attaquait le flanc gauche. Elle se battait comme la natblida qu'elle était. Comme s'il s'agissait du Conclave qu'elle avait fuit. Le bruit des vagues résonnait dans sa tête, lui apportant assez de calme et de paix pour faire plus attention cette fois ci.

*I give myself to the miracle of the sea.

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Il était temps de se battre. Son trident transperçait des têtes, tranchait des visages en décomposition. Finalement, en trouvant la paix, Luna n'avait fait que repousser l'heure de son Conclave. C'était aujourd'hui qu'il commençait. Dès ce simple instant où la pluie avait commencée à tomber. Dès lors où elle avait saisie la main de cet homme au visage aussi impassible que le sien maintenant. Sans le vouloir, cet inconnu l'avait relevé physiquement mais également dans sa tête. Luna avait oublié qu'elle n'était pas seule. Que si d'autres personnes pouvait se montrer fortes, elle le pouvait aussi. Tout en se battant aux côtés de ce parfait inconnu, elle prenait ce qui lui était dû. Sa vengeance. Elle reprenait les vies qu'on lui avait arraché et il allait en falloir énormément pour que la Natblida soit satisfaite. La rage la guiderait. La méfiance la protégerait. Marcheurs ou non, elle tuera le premier qui lui bloquera la route.

Luna combattrait pour la mort elle-même. Elle sera tel la vague scélérate qui apparaît sans prévenir et qui brise n'importe quel navire. Elle sera le flot dévastateur de sa propre vengeance. Elle se battait avec précision et dextérité tandis qu'elle trouvait en cet inconnu une discipline comme elle avait put l'apprendre plus jeune. Il se battait aussi bien qu'un Natblida. Les marcheurs tombaient un à un, voir par deux ou trois en même temps. Luna n'avait jamais vu une personne avec le même niveau qu'elle, si ce n'était plus. Lorsque le dernier marcheur tomba sur le sol, la Natblida resta un instant silencieuse, le temps de déchirer une bande de son vêtement pour recouvrir sa blessure où des filets de sang d'un noir profond dégoulinait. Elle finit par s'adresser à l'homme. « Rien n'est jamais gratuit. » Sa voix était sans émotions mais reflétait une certaine prestance. « Tu m'as tendu la main alors que veux-tu en échange ? » Demande t-elle en relevant son regard froid vers le siens.

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Loué soit l'océan, Luna n'avait pas été mordue ou bien griffée. Non, elle avait juste la blessure dût à sa chute. Une fois son bandage terminé, elle se mit à fouiller les cadavres des Marcheurs morts. Elle y trouva un zipo et un paquet de cigarette. Chose qu'elle ne connaissait pas du tout. Luna décida de jeter le paquet puis elle observa le petit objet carré en argent. Elle avait du mal à comprendre comment fonctionnait le petit engin. Ses doigts finirent par trouver le mécanisme et une flamme apparut enfin. Luna manqua de sursauter, cela lui serait tellement utile pour allumer des feux ! Elle continua à fouiller pour trouver un couteau de chasse qu'elle garda puis enfin une montre. N'ayant jamais utilisé d'horloge ou quoi que ce soit, la cheffe du clan Floukrou se demandait à quoi cela pouvait servir. « Je t'écoute. » Déclare la jeune femme en relevant la tête vers le guerrier. « J'y répondrais honnêtement. » Ajoute t-elle en se relevant pour plonger son regard ambré dans celui océan de l'inconnu. Luna lui devait bien l'honnêteté peu importe sa question.

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Nombreux sont les gens qui en recherchent d'autres depuis le début de l'épidémie. Luna elle-même avait cherché longuement une tête qu'elle connaissait. Peut-être Lexa ou bien Lincoln. Mais elle ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Luna entretenait une peur secrète : celle de retrouver ceux qu'elle avait connue, ceux avec qui elle avait pu partager des moments agréables trébucher pour marcher avec un râle à la place d'une voix claire et fluide. La cheffe du clan des flots se redressait alors puis observait l'homme ranger ses armes blanches. Il avait tout l'air d'un guerrier mais elle n'aurait su dire de quel clan il pouvait bien venir. Ses vêtements ressemblaient à ceux des Hommes de la Montagne et encore. Luna s'en était faite une idée juste avec des rumeurs. Son regard ambre cherchait un signe, un tatouage, un collier, un badge. N'importe quoi qui pourrait lui donner un indice sur sa provenance. Peut-être faisait-il partit du Skaikru ? Les gens tombés du ciel ? Cet homme était foutrement mystérieux, ce qui animait la curiosité naturelle de la sang-de-nuit.

Il lui tendit alors une image. Luna se demandait un instant comment est-ce que cet inconnu avait pu se procurer un portrait aussi réel et détaillé de l'un de ses proches. Le dessinateur devait être plus que bon. La Natblida saisit doucement l'image puis observa le visage du sujet de l'affiche. Un homme, cheveux blonds, yeux bleus, nez pincé. Luna ne se souvenait pas du tout d'avoir vu un homme ressemblant à cette description. Luna lui tendit alors son image. « Non, je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ce visage. » Déclare la Natblida. « De quel clan fait-il partit ? » Ajoute t-elle. Peut-être que s'il faisait partit du clan de Lexa, cela pourrait donner une raison supplémentaire à la Natblida de se mettre à la recherche de ses amis tout en dévastant le plus de vie sur son passage.

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Luna se demandait d'où cet homme pouvait venir et lorsqu'il déclara être un guerrier venant de "Brooklyn", la jeune natblida eut un petit air interrogatif dans le regard l'espace d'un instant. Brooklyn... C'était une ville ou bien un clan peut-être ? Son incompréhension pouvait se sentir malgré cette impassibilité qui figeait son visage. L'homme avait l'air d'un guerrier, du moins quand il se battait. Il ne portait aucun tatouage sur les rares endroits où sa peau était visible. Pas même à la naissance du cou, sous la mâchoire. Pourtant, tous les guerriers portaient des signes distinctifs fait pour être vu et servant à se reconnaître entre guerriers et membre de clans. Luna revint sur le mot "Brooklyn". Pour avoir eu une excellente éducation faite par les gardiens de la flamme, la leader connaissait tous les clans et la géographie. Et tous étaient en langue native. Le Trikru, "tri" signifiant "arbre" et "kru" peuple. Ou un autre exemple, le Floukru signifiant "Clan des flots". Mais il n'y avait rien dans le nom qu'avait donné l'homme en face d'elle.

« Brooklyn... Cela ne ressemble pas du tout à un nom de clan. Et si c'était une ville, je la connaitrait. A moins que cela soit nouveau ? » Luna arracha un bout de vêtement à peu près propre d'un marcheur puis commença à essuyer son trident plein de sang. D'où elle venait ? Elle aussi elle venait de loin. « J'étais la cheffe du Floukru. » Informe t-elle avec un air nostalgique présent dans la voix. Lorsqu'elle releva le regard vers l'homme qui semblait ne pas tilter, alors elle ajouta : « Sur la mer, à côté du Trikru. »

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New York, Luna ne savait même pas où cela se trouvait. L'épidémie n'avait touché son clan qu'il y a un an, un an et demi. Les vagues avaient peut-être freinés la maladie mais pas assez. Cela devait sûrement se propager dans l'air et pour rejoindre la plateforme pétrolière, il avait fallut que ce virus arrive à faire face aux vents violents de l'océan. Luna a apprit seulement après être partie du clan que le territoire était bien plus vaste qu'il ne l'était avant. Comme si les natifs avaient étés enfermés dans leur propre histoire et en rejetant tout ce qui venait de l'extérieur. La natblida avait parcouru plusieurs endroits de ce que certains appelaient "les états unis" lorsqu'elle était partie du clan en pirogue. Elle ne s'était pas tournée vers Polis ou Ton Dc par angoisse contre les gardiens de la Flamme qui lui reprocheraient encore et toujours d'avoir fuit le Conclave. Luna avait préféré voyager. Découvrir un monde qu'elle n'avait pas connue. Et aujourd'hui, elle se retrouvait face à un guerrier aussi ... Impassible qu'elle. Une femme aurait put se faire tuer devant eux qu'ils n'auraient sûrement pas bougés.

« Je ne connais pas. » Déclare t-elle, toujours sans émotions. Puis lorsqu'il demanda si le Floukru avait également été touché par les Marcheurs, le regard de Luna se posa sur son trident qu'elle nettoyait. Puis elle baissa un instant la tête. Perdre un peuple. Perdre des amis. Perdre un amant. Tous ça, elle ne s'en remettrait jamais et elle s'en doutait. Elle prit sur elle pour le regarder dans les yeux. La jeune femme garde ses émotions pour elle mais sa voix tremble à quelques moments : « Les Marcheurs ne sont pas arrivés jusqu'à mon clan en nageant. Il a suffit qu'une femme meurt de vieillesse et qu'on ne soit pas assez rapide pour la remettre dans l'océan. Alors elle s'est relevée, puis a contaminé tout mon peuple. » Luna marque une pause, jette le bout de tissus par terre puis s'appuie contre son arme. « J'ai fais de mon mieux pour les sauver, mais je n'y suis pas arrivée.  Ca fait un an à peu près. J'ai perdu un peuple, des amis, de la famille et un amant. » Avoue t-elle avec un air peut-être un peu plus glacial pour ne pas se mettre à pleurer. « Personne n'est épargné par les Marcheurs. »

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C'était en effet très frustrant de ne pas connaître le lieu dont l'autre parlait. Luna pensait pourtant que le territoire n'était pas si grand que cela. Elle était passée au moins une fois dans tous les clans - même en Azgeda - pendant son parcours de night blood. Cette rencontre avait quelque chose d'étrange. Luna avait l'impression de se voir en homme. La même attitude glaciale et impassible. Peut-être le même entraînement au combat mais surtout, la jeune femme était aussi esquintée que lui. La vie l'avait écorchée et cela semblait être la même chose du côté de cet inconnu. Luna était souvent reconnue en tant que traître à son sang et fuyarde du Conclave. Aujourd'hui, elle avait tellement de sang sur les mains qu'elle commençait à se demander à qui il appartenait. Elle avait tuée son propre frère pour une récompense en laquelle elle ne croyait pas. Et elle avait tué les membres de son clan.

« Ce n'est peut-être pas ma faute, mais j'ai leur sang sur les mains. » Affirme t-elle.

Luna remarque les poings serrés de l'homme face à elle. Un très léger son n'échappe pas à l'ouïe de la sang-de-nuit mais elle n'y prête pas attention. Il doit sûrement porter une ou deux pièce en métal sous ses vêtements ? En tout cas, ce qu'elle vient de révéler semble l'avoir fait tiquer. Peut-être a-t-il vécu quelque chose de similaire ? Cela n'étonnerait pas la leader du Floukru. Perdre son entourage semblait être devenue une mode bien sinistre.

« J'ignore si je serais capable d'être comme avant... Même si la douleur s'atténue, elle ne nous quittera jamais vraiment. A moins de trouver une personne qui comprenne cela. » Luna fait un léger geste du menton afin de désigner la photo que l'homme à rangé dans sa veste. « J'espère que tu réussiras à le retrouver... »

Luna opine d'un léger hochement de tête.

« Les êtres humains sont redevenus animaux. »