Agent d'Hydra déchue, pourtant toujours flanquée de ton binôme, survie oblige, double vie fabriquée par tes soins. Perte de mémoire qui le rend non-opérationnel entraîne ce mensonge qui t'arranges, vous offre cette tranquillité jamais concédée. Enfant adopté, union inventée, normalité transpire de vos personnes tandis qu'à présent, vous vous fondez dans le décor, comme si vous aviez toujours été là. Crash de l'aéronef aussi salvateur que bourreau scelle votre sort jusqu'à ce que solution soit trouvée. Et malgré cette double vie créée, tu continues d'en chercher, des solutions. Encore et toujours, vainement, les tentatives désastreuses s'enchaînent. Vie d'espionnage derrière vous, enfant à élever, tu redoutes le jour où tout s'achèvera. Ou du moins, la manière dont tout ça s'achèvera.

Agent de la CIA avant que tout ne dérape, ta vie était déjà bien agitée, jamais vraiment maîtrisée, toujours contrôlée par le rythme imposé par ton emploi. Spécialiste des langues, panel de compétence toujours sollicité, autant sur qu'en dehors du territoire, l'invasion des morts est survenue lors d'un de tes rares temps de répit. Dommage pour toi, t'auras même pas eu l'occasion d'en profiter plus que ça. Coupée de la hiérarchie, t'as fait au mieux pour survivre et comprendre ce qu'il se passait ; en vain, évidemment. Errance comme quotidien durant un temps, jusqu'à ce que rencontres se fassent et que bribes de confiance soient nouées, centre commercial à présent considéré comme ton refuge, probablement temporaire.

Accords qui divisent et actions qui fâchent, t'as pas eu d'autre choix que de fuir à nouveau, enferment que tu veux éviter à tout prix. Isolement forcé, contacts avec le reste de l'équipe d'abord inexistants puis timides, t'as pas voulu les suivre malgré l'aide apportée à l'aéroport, t'as préféré te débrouiller seule, vieilles affaires à régler qui occupent ton temps, usent tes ressources et ton énergie pour un retour aux sources, sol de la Mère Patrie à nouveau foulé. Solitude que t'as du mal à assumer à laquelle tu veux mettre fin dès que possible, tu t'entêtes pourtant encore, gravitant seulement autour de ceux qui restent, semblant de famille dysfonctionnelle que tu tendais à penser perdue. Alors les passages furtifs s'allongent, contacts avec l'équipe sont renoués, tu te sens à nouveau capable de respirer, de les savoir à tes côtés, de les savoir sains et saufs, de savoir qu'ils gardent tes arrières autant que tu gardes les-leurs, au risque de paraître faible et au risque de baisser ta garde dans cette quête du juste milieu. Nouvelle menace finit par te faire rallier les rangs de manière définitive, les escapades en solitaire prennent fin alors que les États-Unis défaillent, retraite à Montréal laisse malgré tout un goût amer.

Tu dansais. Encore et toujours. Depuis ton plus jeune âge, dès que tu pouvais. Souvent, très souvent. Et tu progressais, atteignais les sommets. Ballets prestigieux, costumes somptueux comme quotidien. Et quand tu enchaînais les succès, quand tu ne cessais de briller, y avait eu cette blessure, membre brisé qui met fin à une carrière, récupération trop lente, pas assez efficace à ton goût. Difficile de s'en remettre, deuil des projecteurs et de gloire à venir qui s'en suit. Tu gardes pour toi cette période où la vodka était ta seule amie, tu n'en parles pas. Même si ça t'arrives de replonger dans une bouteille, t'as redressé la barre, tu t'es remise à flot tant que possible. Désormais, c'est toi qui enseignes, de nouveau sur pointes, jeune génération mérite au moins d'être formée.