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It's just a number [John & Marcus]
Jonathan MurphyWHATEVERJonathan Murphy
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« Mam' » qu'il appelle au travers de la porte. Ses jointures cognent sur le bois défraîchi de cette vieille maison : la même après toutes ces années. Ça fait un moment que le jeune homme n'habite plus sous ce toit. Les habitudes de sa mère devenaient insupportables. Chaque occasion est un prétexte pour boire. Puis, il y a ces journées où tout semble normal, qu'elle affiche un radieux sourire comme si elle était heureuse, que tout allait bien, mais il y a bien un « mais ». Elle s'entête à boire. Elle devient désagréable. Elle est dépendante des autres, ne supporte pas être seule. John, il pourrait offrir énormément à sa mère, car il aime, mais ses réserves sont épuisées : il est est épuisé. À nouveau, il l'interpelle, mais aucune réaction. Paumes en coupe, il colle son front contre une vitre afin de voir à l'intérieur du domicile. Il n'aperçoit aucun mouvement. Il commence à faire froid, dehors. Il enfonce son cou entre ses épaules pour préserver sa nuque du froid. Il regarde sous le paillasson : aucune clé. Il regarde sous la pierre, dans l'allée principale : aucune clé. Aurait-elle volontairement déplacé la clé? Ça le fait ruminer. Il entre par infraction en décalant un moustiquaire pour se faufiler par la fenêtre du salon. Ça ne serait pas la première fois. Il est déterminé, mais surtout, il sait qu'elle est là. La voiture garée devant trahit sa présence.

Il tire les rideaux pour mieux voir. La lumière diffuse sa chaleureuse lumière. Il entend un grognement. Elle est affalée sur le canapé, peu matinale. Pourtant, il est déjà presque midi. Pourquoi ne peut-elle pas boire raisonnablement? C'est sa grande peur, à Murphy, de se retrouver avec la même dépendance. Il inspecte d'un coup d'oeil : elle n'a pas été malade cette fois-ci, pas encore en tout cas. Avant même de penser la réveiller - et sans retirer sa veste - il débarrasse la table basse pour envoyer les bouteilles vides ou semi vides dans l'évier. Ce n'est qu'à son retour qu'il distingue le portable tombé au sol. Il attrape le combiné. La batterie est sur le point de rendre l'âme. Néanmoins, il peut apercevoir les nombreux appels destinés à Marcus Kane. John, il grince des dents. Pourquoi doit-elle toujours le réclamer? Dans ce téléphone, il y a plus d'une dizaine d'appels envoyés. « Maman, sérieusement... » N'a-t-elle donc aucun amour propre? C'est comme ça depuis toujours, depuis que son premier mariage est parti en fumé. Ensuite, il y a eu Marcus. Soupirant, le garçon balance le téléphone quelque part dans les couvertures qui recouvrent sa mère. Il n'a même plus envie de la réveiller. Il en oublie même la raison de sa venue. Il attrape un sac à vidange, prend soin de ramasser les plus gros déchets afin de libérer un peu l'espace. Avec elle, les choses ne changent jamais, même avec les promesses d'amélioration.
Marcus KaneWHATEVER, JE SUIS
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Marcus Kane
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It's just a number
Machinalement, ses yeux dévièrent vers son téléphone portable qui venait de s’allumer sur la photo de son ex-conjointe. Son expression resta complètement neutre tandis qu’il déclina l’appel. Depuis le temps, il aurait pu porter plainte pour harcèlement, mais connaissant les problèmes de cette femme, il la laissait faire. Marcus ne pouvait plus rien faire pour elle. Il avait tout essayé, mais rien n’y faisait. Cette femme se laissait envahir par ses démons dès qu’il y avait une difficulté. Dès que Marcus voyait un petit peu de lumière, un brin d’espoir, il devait partir en mission et à son retour tout était à recommencer. Pendant douze ans, il avait tenu dans une relation toxique malgré l’amour qu’il portait à cette femme. N’en pouvant plus de se battre pour deux, il l’avait quitté après un dernier ultimatum. Lui ou l’alcool. Sur le moment, Vyvian avait fait preuve de bonne volonté et elle était allée en cure, mais dès qu’elle avait remis les pieds dehors, elle a sombré de nouveau. Le lendemain, Marcus avait emballé toutes ses affaires et celles de son fils pour la retourner chez elle, dans cette vieille maison qu’elle affectionnait tant. Dans un premier temps, Kane avait essayé de répondre à chaque appel, d’accourir dès qu’elle avait un problème, mais il a arrêté. Ça ne donnait rien. Elle n’arrivait pas à mettre une croix sur leur histoire. Ça faisait deux ans maintenant, mais elle ne lâchait rien.

« Vous voulez répondre Monsieur ? » Le Général tourna la tête vers l’homme assis à côté de lui dans cette salle de réunion. Ça faisait trois fois que son téléphone s’allumait et que le prénom de « Vyvian » s’y affichait. Négativement, il secoua la tête et il déclina à nouveau l’appel avant de prendre son téléphone pour mettre l’écran face contre le table. Ayant coupé la vibration et la sonnerie, plus personne ne serait dérangé par ce téléphone le temps que l’assemblée se termine une bonne heure plus tard. Lorsque Marcus quitta la pièce, il ne fut pas surpris de voir plus d’une dizaine d’appels de la même personne. C’était toujours la même chose. L’homme rangea son téléphone dans sa poche et il décida de ne pas y porter attention. Du moins, c’est ce qu’il aurait souhaité, mais ses pensées dévièrent continuellement vers la femme qui avait partagé sa vie. Il avait un mauvais pressentiment qui le poussa à attraper les clés de son véhicule et de quitter la base militaire. Une bonne demi-heure plus tard, il se gara devant la demeure de son ex-conjointe et avança très rapidement dans l’allée avant de frapper fermement contre le bois de la porte. « Vyvian. C’est Marcus. Ouvre-moi. » dit-il d’une voix ferme avant de cherche sur son trousseau de clé celle de la maison de Vyvi’. Il n’avait jamais pu s’en débarrasser. Il avait gardé cette crainte constance qu’elle puisse avoir véritablement avoir besoin de lui. Il l’enfonça dans la serrure et ouvrit la porte. Immédiatement son regard croisa celui d’un homme qu’il avait vu grandir. « John ? Est-ce qu’elle va bien ? » demanda-t-il dans un premier temps en avançant dans le hall pour atteindre le salon.

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Jonathan MurphyWHATEVERJonathan Murphy
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Les vidanges. La vaisselle. La lessive. Sans réfléchir, John exécute les tâches délaissées par sa mère. Des tâches simples si fréquemment entretenues. Lorsque cette femme plonge dans l'alcool, il est difficile de la ramener en surface. On cogne à la porte. Avant même qu'il n'ouvre les lèvres, une personne entre. « Wouah. Où crois-tu aller comme ça? » Aucune salutation de la part de John. Aussitôt que le plus vieux entre, le plus jeune s'interpose, prêt à défendre sa mère même si elle ne mériterait pas qu'il prenne soin d'elle. En état d'ivresse, elle réclamait son ancien époux comme une droguée en manque de sensations. Des sensations éphémères qui laissent un arrière goût amer. C'est ce qu'il est, Marcus : un arrière-goût amer. « En quoi ça te concerne, soudainement, qu'elle aille bien ou non? T'as aucun intérêt à être là, je te conseille de sortir de cette maison. » John ne rigole plus. Il est grand maintenant. Il peut s'imposer, peut laisser transparaître la jalousie et la rancoeur d'autrefois. Il n'a jamais digéré les nombreuses absences de Marcus, celles qui plongeaient toujours plus profondément sa mère dans les vices. Qui s'occupait principalement d'elle? Certainement pas lui. Cet homme était supposé être un père, mais il était l’intrus dans sa vie.

« Je me fiche de savoir si c'est elle qui a téléphoné en premier, mais tu ne lui feras pas encore le coup du mec qui s'en soucie alors que pas du tout. » Il grince des dents. Il y a de la colère, sur le visage de John, mais il y a aussi beaucoup de non-dits. Il se retient d'être méchant parce que cet homme a tout de même fait partie de son passé. Et la colère qu'il ressent est également dirigée vers sa mère. Il la dirige vers Marcus, car sa mère n'est jamais assez consciente pourqu'il puisse avoir une vraie discussion avec elle. Le jeune Murphy n'a pas envie que sa mère se réveille, soit émerveillée de revoir son ancien époux, espérant qu'il revienne pour de bon à la maison. Ce temps est révolu. Cette relation est définitivement terminée. John, il a appris à faire un trait sur Marcus, à l'effacer de sa vie pour faire la sienne. Qu'elle fasse de même bon sang! « Marcus? » Et voilà que la voix endormie émerge. John ferme les yeux, se passe une main au visage. Sa mère est masochiste. « C'est bien toi? »
Marcus KaneWHATEVER, JE SUIS
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Si Marcus s’était douté un seul instant que John serait chez sa mère, il n’y serait pas allé. Les relations avaient toujours été très tendues entre les deux hommes et c’était davantage le cas depuis que Kane avait officiellement « abandonné sa mère ». Pour le jeune garçon qu’il avait été, Marcus était le responsable du malheur de sa famille. Pourtant, le Général de l’armée avait tout tenté pour minimiser les dégâts, mais il fallait croire qu’il n’était pas très doué. Il avait tout gâché avec les Murphy au même titre qu’il avait tout gâché avec sa propre fille. La seule chose qu’il avait réussi dans sa vie, c’était sa carrière. C’est un visage complètement neutre et fermé qui s’était tourné vers un John en colère contre son ex beau-père – s’il l’avait un jour considéré comme ça -. « Je me suis toujours soucié de ta mère John. Toujours. » répondit-il à voix basse, son regard ancré dans celui de l’homme. Il n’avait jamais rien compris à la relation que Kane entretenait avec sa mère et il ne pouvait pas lui en vouloir, ça avait été quelque chose de complexe.

Son regard dévia vers Vivyan qui venait de remuer sur le canapé tout en prononçant son prénom. Malgré son état, elle avait tout de même pris la peine de porter son attention sur l’homme qu’elle avait appelé. Le Général pinça les lèvres. John n’avait pas tort. Être ici n’allait pas aider sa mère à tourner la page sur leur histoire, bien au contraire. Elle risquait de s’accrocher davantage à son ex-conjoint alors que Marcus n’avait aucune intention de revenir. « Non. J’allais partir. » cracha-t-il presque froidement en détournant les yeux vers Murphy. Ça allait sûrement lui faire plaisir. « Je suppose que tu sais comment t’occuper d’elle. » Bien sûr qu’il le savait, il l’avait fait si souvent, voire plus souvent que Marcus. Le plus vieux avait eu la chance de savoir ralentir Vivy’ dans sa consommation, il l’avait retrouvé très rarement dans un état aussi pitoyable. « Mais contrairement à ce que tu peux croire, vous comptez énormément pour moi. S’il y a quoi que ce soit, tu as mon numéro. » Murphy aurait sûrement trop d’orgueil pour lui demander de l’aide, mais Kane voulait lui ouvrir la porte. Peu importe l’heure, la journée, si John l’appelait, Marcus allait se débrouiller pour être disponible. Malgré qu’il venait d’annoncer son départ, l’homme n’arrivait pas à bouger. Ses yeux étaient posés sur son ex-conjointe et il avait le cœur lourd. C’était difficile pour lui de juste partir et la laisser dans cet état. Même si elle était entre de bonnes mains.

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« Je me suis toujours soucié de ta mère John. Toujours. » Ouais, à l'autre bout du monde. John ne croit pas ce pitoyable mensonge. De belles paroles pour essayer de l'amadouer. Il secoue la tête, plus vexé que rassurer par la présence indésirée de Marcus Kane. John, il n'arrive pas à détourner les yeux : il soutient le regard de cet homme, mais son propre regard n'est ni doux, ni patient. « T'es toujours revenu pour elle. » Jamais pour moi, qu'il se retient difficilement d'ajouter. Il ne permettra pas à cet homme d'entrer dans sa tête. « Mais ça ne l'a jamais aidée, alors arrête de croire que t'es important pour nous. » Parce que tu ne revenais jamais dans l'optique de rester, retient-il encore d'ajouter. John a toujours été en colère contre Marcus, mais c'est bien la première fois qu'il met des mots sur ses pensées rancunières.

« Je suppose que tu sais comment t’occuper d’elle. » Murphy échappe un rire étouffé. Mieux que certains, effectivement. « Si on comptait réellement pour toi, tu ne serais pas seulement un numéro. On a survécu sans toi jusque là. T'as aucune raison de revenir ici. » Il ne montre plus seulement les dents, le garçon, il est prêt à attaquer. Il n'aime pas le calme dont fait preuve son ancien beau-père. Il n'aime pas sa patience et sa fausse compassion.

Mais le coeur de Murphy se sert au moment où sa mère se lève et quitte le canapé pour s'approcher. Aucun regard pour son fils. Elle est trop heureuse de constater que son ancien mari s'est enfin déplacé après les nombreux appels effectués. « John, ne soit pas si désagréable. Marcus a fait tout le chemin pour venir ici. Tu sais bien que ce n'était pas sa faute. » Où sa mère trouve-t-elle encore le courage de pardonner? Si l'alcool ne prenait pas autant de place dans sa vie, elle serait probablement une femme charmante à côtoyer. Mais l'alcool est l'un des pires vices qui soi. Cette fois, c'est sa propre mère qu'il regarde, vraisemblablement confus qu'elle soit si attendrissante envers Marcus après tout ce temps. Elle doit encore être sous l'influence de l'alcool. Ça doit bien faire une heure qu'il est sur place et qu'elle est allongée sur le canapé. Faisait-elle semblant de dormir juste pour qu'il fasse le ménage? Il semblerait qu'il soit aussi crétin que Marcus, finalement. Il ferme encore une fois les yeux, se pince l'arrête du nez. Tellement de choses à reprocher, encore. Mais Vyvian, elle n'a d'yeux que pour Marcus.
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Il était toujours revenu pour elle, en effet. Aujourd’hui, il réalisait qu’il aurait dû faire certaines choses différemment. Le Général avait toujours priorisé sa relation avec Vivyan plutôt que celle avec son fils. Après, il fallait comprendre qu’une femme comme sa mère demandait beaucoup d’attention. Il avait toujours tenté d’être là pour elle et de l’aider, mais ça n’avait jamais fonctionné. John pouvait lui reprocher autant qu’il le voulait, ça ne changerait rien. Murphy était en colère contre le Général et ce dernier pouvait très bien comprendre. L’adulte avait le visage neutre voire fermé, mais il sentait son estomac se nouer sous la culpabilité. « Ce n’est pas ce que je crois. » dit-il en fixant Murphy dans les yeux. Il ne se croyait pas important pour John, mais il l’était pour Vivyan, peu importe ce que le jeune adulte pouvait penser.

« Elle m’a appelé John. Je sais que tu attends seulement que je disparaisse entièrement de vos vies, mais je veux également que ta mère s’en sorte. » Il soupira. Dans un monde idéal, il ne devrait pas accourir dès que son ex-conjointe lui téléphonait. Depuis quelques mois, il ne le faisait beaucoup moins, mais ce jour-là, il avait eu un mauvais pressentiment et il avait senti qu’il devait se présenter chez les Murphy.

Malheureusement pour les deux hommes, l’échange allait se compliquer. La femme s’était réveillée et elle donnait toute son attention au Général. Contrairement à Vivyan, Marcus donne son attention à John et il sent son cœur se serrer légèrement de voir à quel point elle ne s’occupait pas de Jonathan. Ça faisait combien de temps qu’il prenait soin d’elle ? Marcus ne pouvait pas laisser ça aller. Il devait faire comprendre à Vivy’ que son fils était actuellement la personne la plus importante dans sa vie. Ce n’était pas Kane. « John a raison. » dit le Général d’une voix autoritaire qu’il servait généralement à ses soldats. « C’est de lui dont tu as besoin. Pas de moi. » Il planta son regard dans celui de la femme. Il avait été très dur avec elle à la fin de leur relation. « Tu as fait ton choix Vivyan et je n’en faisais pas partie. » Elle avait choisi l’alcool à lui. Il lui avait donn des tonnes de chance et pourtant il revenait vers elle comme si elle avait changé. « Tu devrais arrêter de penser à moi et penser un peu à lui. » Il détourna les yeux vers le jeune adulte qui assistait à une énième prise de tête entre « ses parents ».

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« Mais je veux également que ta mère s’en sorte. » Il n'a jamais rien fait pour l'aider hormis fuir et attendre que la tempête se calme. Marcus, il était dévoué à son métier, mais hormis poser un ultimatum à sa mère, qu'a-t-il fait pour l'aider? « C'est facile de prétendre, moins facile d'agir. » Marcus, il mentionne à son ancienne femme qu'elle devrait davantage se concentrer à son fils, mais il ne prend pas conscience qu'il est déjà trop tard. Elle a depuis longtemps déçu son fils. Elle ne pourrait changer du jour au lendemain. Et si elle le faisait, par miracle, John ne saurait tout pardonner. John ne sait pas si Marcus est sincère ; ses paroles sont touchantes, mais leur effet bénéfique est de courte durée. Quelques paroles ne pourront pas effacer de longues années d'amertume en seulement quelques minutes. John observe l'homme, celui qui aurait pu recevoir le titre de père s'il n'avait pas été si décevant. John a la désagréable impression que, si Marcus le vante auprès de sa mère, c'est uniquement pour ne pas avoir à gérer Vyvian une nouvelle fois. « À peine arrivé, déjà prêt à partir? C'est parce que je te chasse ou parce que tu n'as aucune volonté? » Si Murphy avait une pelle sous la main, il creuserait volontiers la tombe de Marcus.

« Je vous laisse gérer ça entre vous. » Un sourire est présent sur les lèvres du plus jeune, mais il est loin d'être sympathique. Un sourire qui sous-entend un nombre incalculable de pensées indésirables. Un dernier coup d'oeil à sa mère lui indique qu'elle tente de glisser ses doigts au travers de ceux de Marcus. Une vaine tentative de recevoir de l'affection. Ce geste fait rouler les yeux de Murphy tandis qu'il leur tourne le dos. Il ne pourrait pas partir même s'il le voulait, car si Marcus devait partir dans quelques minutes, c'est lui qui devrait recoller les morceaux d'un coeur à nouveau abandonné. Il change plutôt de pièce pour ne pas avoir à les affronter. Il fuit sa propre réalité. S'il écoutait la colère bouillant en lui, il s'en prendrait physique à l'ancien beau-père. Sa mère ne pourrait pas lui pardonner un tel comportement. À peine s'est-il éloigné qu'il entend déjà la voix de sa mère tenter de soudoyer Marcus pour qu'il reste jusqu'au repas. Elle lui promet de rester sage, de ne pas boire. John, il soupire en se passant une main au visage. Il entre dans un bureau, un bureau qui a un jour été à son père, ensuite à Marcus. Il reste quelques trucs, mais il est désormais globalement vide et poussiéreux. Sa mère n'a jamais eu envie de modifier cette pièce. Elle reste prisonnière de ses propres démons, les nourrissant. Malgré les « belles » paroles de Marcus, Vyvian, elle n'a pas cherché à retenir son fils.
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Marcus n’avait jamais su sur quel pied danser avec John. Dès qu’il tentait quelque chose, le Général avait toujours eu l’impression de mal faire les choses aux yeux de son ancien beau-fils. Pourtant, ça n’avait pas été faute d’avoir essayé dans les dernières années. Même si Kane savait très bien qu’il n’avait jamais été le père de l’année, il n’aimait pas ce fossé qui s’était creusé année après année avec John ou même avec Octavia. Il fallait se mettre à l’évidence : il était doué avec ses soldats, mais pas avec ses enfants. Il aurait dû revoir ses priorités plus d’une fois et il ne l’avait pas fait. C’était tellement plus facile de se noyer dans son travail. « Attends John ! » tenta-t-il, mais trop tard. Le jeune adulte s’était éloigné pour laisser Marcus aux prises avec une Vyvian saoule qui prenait ses rêves pour la réalité.

C’est presque brutalement que Kane retira sa main d’entre les doigts de son ex-conjointe. À une certaine époque, il aurait pu céder rapidement à cette femme, aujourd’hui, tout avait changé. L’amour qui avait ressenti autrefois c’était complètement envolé. Certes, il ne lui souhaitait aucun malheur, bien au contraire, mais il avait mis une croix définitive sur leur histoire. « Ça suffit maintenant. » dit-il d’une voix autoritaire alors que la femme commençait à le supplier pour qu’il reste. Elle lui promit d’être sage et il savait très bien qu’elle le ferait. Sur une courte période, elle savait bien se tenir. Mais plus le temps avançait et plus elle menaçait de craquer. « Regarde-moi. Regarde-moi. » ordonna-t-il en attrapant le visage de Vyvian entre ses mains pour la forcer à poser son regard dans le sien. « Tu arrêtes maintenant. Je ne resterai pas. Ni pour le dîner, ni pour t’aider. Tu n’as pas besoin de mon aide. » Sa voix était très dure et très froide. Il ne voulait lui ouvrir aucune porte, il ne voulait lui montrer aucune faiblesse sur laquelle elle pourrait s’accrocher pour espérer un retour. « Je t’ai donné toutes les chances du monde. Je t’ai payé les meilleurs spécialistes du pays, mais tu n’as aucune volonté. Aucune. Si tu savais à quel point tu m’as déçu Vyvian et tu me déçois encore aujourd’hui. » Il avait relâché son visage pour se redresser et la surplomber de la vingtaine de centimètres de plus qu’il avait. « Ce n’est pas auprès de moi que tu dois te racheter aujourd’hui. Tu as la chance d’avoir un fils toujours présent après toutes tes conneries. Ne le laisse pas partir celui-là. » Il détestait être dur comme cela avec la femme qu’il avait aimé, mais il savait très bien que c’était la seule manière de lui faire comprendre les choses. Qu’elle pleure ou qu’elle s’accroche à lui, ça n’allait rien changer. Même s’il avait du mal à tourner la page définitivement, car il craignait qu’il arrive quelque chose à son ex-conjointe. Néanmoins, il restait catégorique et il voulait lui ouvrir les yeux sur la chance qu’elle avait d’avoir un fils comme John Murphy.

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Marcus & Murphy
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Ce n'est pas la distance parcourue entre les pièces qui le prive d'entendre la conversation. La maison est petite, silencieuse, sans le moindre excès de vie. Évidemment qu'il entend la conversation du salon. Et Murphy n'essaie même pas de faire la sourde oreille. Il écoute impunément, sans se soucier si c'est mal ou non d'entendre cet échange. Il voulait surtout éviter Marcus. Voulait éviter de lui porter main forte tandis que Vyvian cherchait du réconfort. Murphy voulait que son ancien beau-père affronte lui-même la tempête. En se déplaçant jusqu'ici, il savait exactement qu'il pouvait envenimer les choses par sa simple présence, alors pourquoi tourner le couteau dans la plaie, pourquoi rappeler à cette femme qu'elle ne mérite pas d'époux? Il est donc normal qu'il jongle avec ce problème. Murphy est épuisé de laver sa merde après son départ.

Il patiente donc dans la pièce, conscient et satisfait de s'être éloigné. Même que, hormis poser son cul sur le bureau et passer son doigt pour constater la densité de la poussière, il ne fait rien de plus palpitant. Il écoute les infructueuses tentatives de Marcus pour convaincre son ancienne épouse que son fils en vaut le coup. Cette femme est brisée. Cette femme n'a aucune volonté. N'a-t-il pas déjà fait son deuil en la quittant? Pourquoi s'entêter et revenir? Ce n'est pas comme s'il avait des comptes à lui rendre comme c'est le cas pour Murphy. Car Murphy, lui, doit la vie à cette femme. La relation est totalement différente. Même s'il est déçu - comme Marcus ose le dire à sa mère - il ne peut pas juste disparaître de son existence. C'est son devoir de s'occuper d'elle, même s'il déteste, même si ça le gruge, même s'il perd son temps, même s'il n'a aucun mérite pour ça. Murphy veut se sentir utile. Sans doute est-ce un trait de famille que d'être masochiste.

« Non... non, tu ne comprends pas. Cette fois, c'est différent. Je vais faire un effort. » La femme implore, n'entend pas ce qu'explique Marcus. Elle insiste malgré la lourdeur de la situation. « Reste à manger, je peux te prouver que tout se passera bien. » Vyvian ne lui laisse, cette fois, pas le temps de répliquer ou d'esquiver. Elle l'oblige littéralement à rester pour la soirée. Elle s'éloigne dans le couloir, passe devant la pièce où se trouve Murphy. Ce dernier relève la tête et la regarde poursuivre sa route vers la salle de bains. Elle fait couler l'eau pour prendre sa douche, comme si se laver pouvait nettoyer tous ses péchés, fruits de ses mauvaises décisions. Les doigts de Murphy pianotent sur le bureau. Il pourrait sourire de manière haïssable compte tenu du fait que Marcus s'est encore fait piégé. « J'admire l'effort », commente Murphy à partir du bureau, sachant pertinemment que Marcus l'entendra.
Marcus KaneWHATEVER, JE SUIS
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Vyvian ne l’écoutait pas. Peu importe ce qu’il pouvait lui dire, elle n’y portait pas attention. Elle était obsédée. Elle l’avait toujours été, Marcus le savait, mais il l’avait vraiment vu lorsqu’il l’avait quitté. Au départ, elle pouvait l’appeler plus d’une vingtaine de fois par jour et de lui envoyer une centaine de messages textes. Pendant une période, il avait bloqué son numéro simplement pour pouvoir dormir la nuit sans être réveillé constamment. Il l’avait remis en fonction, il y a quelques mois ce qui expliquait sa présence ici. L’homme s’était inquiété devant la nouvelle insistance de son ex-conjointe, ça faisait longtemps qu’elle ne lui avait pas téléphoné autant en une seule journée. Marcus avait compris assez rapidement qu’il avait fait une bêtise en se déplaçant ici. Il lui avait donné un espoir dont elle n’avait pas besoin. Elle devait tourner la page et pas s’accrocher à nouveau à lui. « Vyvi… S’il te plait. » Mais il était trop tard, elle avait déjà quitté pour rejoindre la salle de bain. L’homme poussa un profond soupir et il hésita vraiment à repartir. Ça allait sûrement lui briser le cœur, mais est-ce que c’était de ça dont elle avait besoin ? Plutôt d’un espoir à qui se raccrocher, elle avait peut-être besoin d’une gifle pour finalement tourner la page.

Marcus était en train de se diriger vers la porte lorsqu’il entendit la voix de John s’élever. C’est un rire presque nerveux qui s’échappa de ses lèvres. Il admirait l’effort. Il était clairement en train de se moquer de la situation qui n’avait rien de drôle. Vyvian était complètement détruite et perdue. Le Général hésita vraiment à repartir sans jamais se retourner, mais finalement, il opta plutôt pour rejoindre John Murphy dans le bureau qui avait été le sien autrefois. « Je ne sais pas ce que tu attends de moi John. » dit-il dans un premier temps en poussant un profond soupir. Il s’adossa sur le cadre de la porte et laissa son regard parcourir la pièce. « Elle ne veut pas s’aider. Je ne peux pas le faire pour elle. J’ai essayé pendant plus de dix ans. » Il déglutit. 10 ans avant qu’il ne baisse les bras. C’est ce que John lui reprochait, d’avoir abandonné, mais la situation devenait de plus en plus invivable. L’homme se noyait dans son travail pour passer le moins de temps possible à la maison. Aux yeux de son beau-fils, il passait pour une fuyard sans réaliser que c’était beaucoup plus compliqué que ça. « Tu les connais autant que moi les fausses promesses. Je ne peux pas rester ce soir. Je ne peux pas lui donner cet espoir. » Il pinça les lèvres. Il ne savait pas pourquoi il cherchait autant à se racheter auprès de Murphy, mais il y tenait vraiment. Il voulait que John réalise tout ce qu’il avait fait dans les années passées pour Vyvian.

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