Une petite brise se transformant ponctuellement en légère bourrasque soulevait les mèches blondes de la kryptonienne. Devant elles s’étendait une immense plaine complètement blanche, surplombée non loin d'elles, d'une montagne battue par le vent. Il n'y avait pas âme qui vive. Juste le froid.  Aucune trace ne demeurait bien longtemps dans les terres désolées de l'Arctique. À l'exception près d'un symbole creusé à même le flanc de la montagne. Kara ferma les yeux, laissant ses cellules se nourrir quelques secondes de la réverbération du soleil. L'effet de ses rayons, amplifié grâce à l'atmosphère plus fine des pôles, la remplit d'un bien être que seul cet endroit pouvait lui apporter. La satisfaction qui courait dans ses veines étira subrepticement un coin de sa bouche. Connaissant son affinité avec l'astre, Kara s'étonnait encore que le gouvernement n'ai jamais pensé à fouiller cette zone. Contente de l'énergie renouvelée qu'elle sentait couler en elle après ce long voyage, elle se tourna enfin vers sa compagne dont elle ne voyait que les yeux, emmitouflée dans son épais manteau et sa chapka. Kara avait demandé que Lena s'habille chaudement, mais peut-être aurait-elle dû préciser le genre de températures auxquelles elles allaient être confrontées.
Mais lorsque la Luthor s'était présentée à sa porte, Kara avait dû fouiller dans ses armoires à la recherche de la chapka et d'une écharpe épaisse pour compléter sa tenue.
La blonde avait conscience du froid, elle le sentait sur sa peau mais ses effets n'étaient pas aussi rapides et profonds que pour les humains.
Contrairement à eux, elle pouvait aisément passer quelques jours dans le vent et la glace avant que son corps ne commence à vraiment protester.

"Nous y sommes presque." encouragea-t-elle Lena en lui tendant la main.

Elles s'avancèrent au plus proche de la paroi où le symbole se précisait jusqu'à miroiter celui que la blonde arborait sur sa poitrine. Kara passa machinalement sa main dessus. Le blason s'illumina brièvement avant que la paroi ne se mette à trembler. La glace se brisa autour de la gravure, lézarda sur quelques mètres pour laisser apparaître deux lourdes portes qui pivotèrent sur leur gonds dans un bruit sourd.

Elle tira doucement Lena à l'intérieur de la Forteresse. C’était en réalité un ancien vaisseau de reconnaissance Kryptonien, échoué ici depuis près d’un millénaire, à une époque où l’exploration de nouveaux territoires était en pleine expansion sur Krypton et sujet à controverse au sein du Conseil. C’est comme cela qu’ils avaient découvert la Terre. Le crash du vaisseau sonnant l’échec du programme entier, l’emplacement de la planète bleue était resté secret dans la Guilde des Explorateurs, puis au fil des années elle était devenue un mythe. Seule une poignée de personnes connaissait ses coordonnées exactes. Zor-El en faisait partie.
Elles entrèrent dans un sass et furent aussitôt accueillies par un drône venant à leur rencontre. Il ressemblait à un cocon de métal sombre.

“Ravi de vous revoir Kara Zor-El. dit-il en Kryptonien de sa voix robotique.
-Moi aussi Kelex. Rien de nouveau pendant mon absence ?” répondit-elle naturellement dans sa langue natale.
- Aucun événément significatif à signaler.”
Il se tut un instant, se décalant légèrement pour jauger Lena tandis que de fines lignes rouges apparurent sur sa coque.
- Vous avez été suivie par une humaine Kara Zor-El, dois-je enclencher le système de anti-intrusion?”
Les yeux de Kara s’écarquillèrent tout à coup.
- Non ! Non, c’est une amie. D’ailleurs, inscris-la au registre, qu’elle ait accès à tout.
- Ainsi que la chambre du bébé dévoreur de soleil?

Kara jeta un coup d’oeil à Lena avant de secouer la tête.

- Non.
- Ainsi que le Bassin Génétique?
- Non plus.
- Ainsi que le Cod…
- Stop ! Rien de dangereux, pour elle comme pour nous.” s’agaça-t-elle, laissant par mégarde le français reprendre le dessus.

Le rouge de Kelex tourna au bleu et il resta silencieux quelques secondes, puis il vint se placer face à la Luthor et il sortit un bras mécanique, se terminant par une plaque circulaire du même métal qu’il plaça à hauteur de sa taille.
Quand Lena ne réagit pas, il pivota sa tête vers Kara. C’est alors que celle-ci réalisa que Lena n’avait aucune idée de ce qu’il venait de se passer.

“Oh pardon Lena. C’est Kelex, il est un peu le garde des lieux. Il voudrait que tu poses ta main là-dessus pour prendre ton empreinte génétique. C’est pour que le système de défense du vaisseau ne te prenne pas pour une intruse.” ajouta-t-elle rapidement devant le regard perdu de sa compagne.

Une fois Kelex satisfait du nouvel ADN collecté, il alla se placer dans un coin et retourna à son état dormant.

“Excuse-le, il est toujours un peu sensible quand quelqu’un d’autre que Kal ou moi entre dans la Forteresse. Rao, tu dois être gelée, réalisa-t-elle, viens on va se mettre au chaud.”

Kara glissa à nouveau sa main dans la sienne et emprunta un large corridor débouchant sur un immense espace. L’endroit si vaste soit-il, était remplit d’objet en tout genre, plus ou moins gros. Cela pouvait aller d’une boule à neige à un avion de ligne, celui dans lequel Alex était d’ailleurs. C’était Kal tout craché, il récupérait sans cesse des choses Terriennes et les entreposaient ici. Il avait gardé l’avion en souvenir de la révélation de Kara aux humains.
A mesure qu’elles avançaient elle reprit la parole.

“On l’appelle la Forteresse avec Kal, pardon, Superman. C’est un vieux vaisseau de reconnaissance qui s’est écrasé ici. Il a subit quelques dégâts, mais il est encore habitable. Alex en a horreur. J’ai hâte de te faire le tour du propriétaire, sautilla-t-elle presque sur place, mais installons-nous déjà.”

Elles s’arrêtèrent face à… un train. Bien terrien. Un vieux modèle utilisé pendant la conquête de l’Ouest que l’on ne retrouvait plus que dans les musées ou en modèle réduit.
Kara sourit, satisfaite de voir de la fumée s’échapper de la locomotive. Kelex avait préparé son arrivée.

“Ce n’est pas une villa luxueuse, mais j’espère que cela te conviendra.” sourit-elle à Lena.

Elle ouvrit la porte du wagon central et invita la brune à y entrer en faisant une légère révérence. L’intérieur était aménagé comme un petit salon, tout en longueur. Des fauteuils et banquettes confortables longeaient l’une des parois, et un petit poêle avait été installé contre celle d’en face. Une douce chaleur réchauffa le nez à peine rosi de Kara. Elle déposa le sac de voyage sur l’une des banquettes et souffla, satisfaite d’être enfin arrivée.

“Alors, qu’est-ce que tu en penses ?”

Avoir Lena à ses côtés gonflait son coeur de bonheur. Sans surprise, Lena était allée droit vers le poêle. La pauvre devait être gelée. Une fois débarrassée de ses affaires, Kara se changea rapidement dans une tenue kryptonienne pendant que Lena était dos à elle. Qu’il était bon de retrouver ces vêtements… La matière était beaucoup plus douce et résistante que celle utilisée habituellement sur Terre. Elle passa distraitement un doigt sur le symbole de sa maison en surimpression à droite de son coeur. Il était si rare qu’elle se retrouve en lieu Kryptonien qu’elle en chérissait chaque instant.
De son côté, Lena n’avait quasiment pas décrocher un mot depuis leur arrivée et Kara reporta son attention sur elle, craignant la réponse de la brune. Elle l’observa un moment, attendant son verdict en se mordant inconsciemment la lèvre.
Mais elle fut bientôt rassurée. Lena, loin de la décevoir, ne faisait qu’appréhender les alentours et les nouvelles informations qui lui étaient transmises.

Elle se retourna enfin, et Kara ne put s’empêcher d’avoir le souffle coupé tant la lumière des flammes dansant dans ses yeux la rendait belle. La blonde savait qu’elle devrait lui expliquer pas à pas. Son monde, ses croyances, sa vie avant Midvale. Elle la rencontra à mi-chemin, au milieu de l’allée, un pas inconscient vers elle pour lui montrer sa volonté de se dévoiler.
Ses mains se posèrent automatiquement autour de sa taille, un geste devenu naturel ces derniers temps, puis remontèrent le long du manteau de Lena. Ses joues s’empourprèrent alors que Lena mentionnait sa langue natale. C’était quelque chose qui lui était venu instinctivement, elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce que Lena pourrait en penser. Mais elle était heureuse que cela lui plaise. Finalement, elle joua quelques secondes avec le zip de son manteau, puis le fit descendre pour enfin débarrasser Lena du vêtement lourd, et froid.

“Je pourrais t’apprendre. Grammaticalement, je pense que l’allemand ou le russe s’en rapproche le plus. Je suis si heureuse que tu sois là Lena.” lui dit-elle, en retirant sa chapka.

Elle pivota afin d’accrocher le manteau à l’un des crochets du wagon et le couvre-chef par-dessus, lorsque Lena annonça à haute voix la question qui lui taraudait l’esprit.

“J’ai gardé ce secret trop longtemps.” répondit-elle à peine audible avant de se retourner et de prendre les mains de Lena dans les siennes. “Je veux être complètement honnête avec toi, que tu saches tout de mon monde, de moi, dit-t-elle plus haut, la tête baissée, je ne suis pas Kara Danvers, je ne suis pas Supergirl, ni un mélange des deux. Je veux partir sur de nouvelles bases. Tu n’as pas mérité ces années où je t’ai menti, je n’avais aucun droit de t’infliger cela.” Et même si tu me pardonnes, il me faudra un certain temps pour que je me pardonne moi-même.

Elle s’interrompit, tout à coup trop émue pour continuer. Elle s’était répété ce scénario un million de fois, chaque fois il était de plus en plus facile de parler d’elle, cependant la réalité était tout autre. C’était la première fois qu’elle se dévoilait entièrement, la première fois qu’elle allait refaire qu’une avec elle-même depuis son arrivée sur Terre.
Ses craintes revenaient à grand galop. Si Lena n’aimait pas ce qu’elle allait découvrir ? Si les mensonges étaient de trop ? Si Lena prenait peur ?
Alors comme à chaque fois qu’elle était prise de doute, elle plongea dans les yeux clairs emplis de curiosité et d’inquiétude de la jeune femme. Non, l’heure n’était pas encore venue.
Elle poussa un long soupir choisit de changer de sujet.

“Pardonne-moi, tu veux peut-être te reposer et manger quelque chose ? Le voyage a été long.”

La kryptonienne guida Lena au fond du wagon où de lourds rideaux séparaient la pièce principale d’une chambre confortable. Elle resta interdite face au lit, tout à coup consciente que le nouveau statut de leur relation impliquait aussi certaines... adaptations.

“On peut dor- enfin t-tu peux dormir ici, c’est de loin la meilleure chambre que l’on ai. Mais si tu préfère il y en a d’autres.”

Elle se dirigea alors vers une porte qui dénotait avec le style général de la locomotive. Celle-ci était dépourvue de poignée, faite d’un métal parfaitement lisse. A son approche celle-ci se dématérialisa pour déboucher sur une nouvelle pièce de même facture que le vaisseau. Toutefois les couleurs étaient beaucoup plus chaleureuses. Elles rappelaient à Kara la lueur de leur soleil rouge.

“Il reste une zone habitable un peu moins étroite que ce train. Je vais demander à Kelex de nous préparer un repas. Les autres chambres sont le long de ce couloir, désigna-t-elle d’un geste vague, enfin si tu as besoin de te changer, il y a des vêtements pour toi dans chacune d’entre elles. Si-si à n’importe quel moment tu souhaites retourner à Montréal, tu n’as qu’un mot à dire. Je… Pardon j’ai l’air ridicule en agent de tourisme kryptonienne. J’en fais trop n’est-ce pas ?”

Une Kara nerveuse, restait une Kara qui déblaterrait tout ce qui lui passait par la tête à une vitesse vertigineuse. Elle voulait que tout soit parfait pour Lena. Qu’elle se sente à l’aise dans ce nouvel environnement. Elles allaient passer du temps ensemble, bien plus que d’ordinaire et dans un contexte sensible pour elles deux.

Dansant d’un pied sur l’autre, Kara décida de reprendre sa petite visite quand la main de Lena l’arrêta et stoppa son monologue d’un baiser. Et Kara perdit toute notion de temps contre ses lèvres. Lorsqu’elles se séparèrent, la blonde ne pouvait pas lâcher Lena des yeux et mesurait combien cette femme était exceptionnelle.
Elle hocha machinalement la tête à sa suggestion, encore étourdie par les émotions que Lena faisait naître en elle.
Alors quand ses lèvres se posèrent à nouveau sur les siennes, elle ferma les yeux, se sentit immédiatement apaisée, en sécurité. Lena faisait preuve d’un soutien inébranlable qui n’avait d’égal que la dévotion que lui portait la kryptonienne.
Elle passa une main dans le dos de sa compagne avant de se tourner à nouveau vers le lit.
Le partager avec Lena, voilà une étape supplémentaire à laquelle elle n’était pas vraiment préparée, mais tout irait bien. Les paroles rassurantes de la Luthor avaient fini de la mettre assez confiance pour continuer.

“A vrai dire Kelex va en avoir pour un moment, je vais aller voir ce qu’on peut faire, je te laisse t’installer, je ne serai pas longue.” dit-elle en déposant un baiser sur son front.
“Merci Lena. Vraiment.” sourit-elle avant de disparaître à travers le passage menant à la seconde partie du vaisseau.

Elle fit rapidement le tour de l’endroit pour vérifier que tout soit parfait, elle en profita pour demander à Kelex de préparer un repas simple et revint comme promis quelques minutes plus tard auprès de la brune.

“Je crois que tout est prêt ! Désolée, ce ne sera pas à hauteur du Belly Burger, mais j’espère que ça te conviendra. Nous avons pas mal de choses ici, tu n’as qu’à demander à Kelex si tu as besoin de quoique ce soit. Il parle toutes les langues.”

Elle ponctua sa dernière remarque d’un clin d’oeil tout en lui tendant la main.

Kara mourrait de faim, mais pas autant qu’à son habitude. Les systèmes de survie du vaisseau étaient conçu pour maintenir l’atmosphère de sa planète natale. Son métabolisme redevenait donc ce qu’il était autrefois, si bien qu’elle laissa une bonne partie de son repas dans son assiette.
Mais c’était Lena dont elle se souciait le plus.

“Comment tu te sens ? Je veux dire… comment tu te sens vraiment ? Nous avons pas encore eu le temps de parler de ce qu’il s’est passé.”

Le ton de Lena capta l’attention de la blonde. Elle invita la brune à poursuivre d’un hochement de tête. Même pour elle, tout s’était enchaîné à une vitesse folle, elle avait besoin de digérer tout ce qu’il venait de se passer, ce que cela impliquait elle comme pour Lena. Tout avait changé. Et elle avait désespérément besoin d’entendre la voix de Lena poser des mots sur ce qu’elle avait vécu pour s’assurer que la Luthor ne disparaitrait pas, mais aussi pour comprendre elle-même ce qu’elle ressentait.

Elle sourit, soulagée, lorsqu’elle commença à se confier. Kara savait que Lena avait accepté la situation, mais cela n’empêcha pas son coeur de se serrer et de battre un peu plus vite quand elle admit une nouvelle fois ses sentiments pour elle.
C’était quelque chose à laquelle Kara devait encore s’ajuster, s’habituer à entendre et à accepter. Ses partenaires se comptaient sur les doigts d’une main et les humains avaient une manière très directe de confesser leur amour. Pour seule réponse, Kara tira sa chaise au plus près d’elle et prit sa main dans la sienne.
Elle avait envie de lui dire combien elle était désolée, qu’elle regrettait qu’elle ai dû apprendre son secret de cette manière, que jamais plus elle ne lui cacherai quoique ce soit mais elle entendait la respiration de Lena se faire plus laborieuse à mesure que l’émotion l’envahit et Kara ne pouvait qu’écouter tout ce poid se déverser devant elle.

Les yeux de Kara la piquaient quand Lena lui confia ses craintes. Elle savait qu’elle faisait face à une vie d’abandon et de trahison, et que même si Lena clamait sa confiance en elle, il faudrait sans doute plusieurs années avant que la Luthor ne se sente complètement sereine à ses côtés.

Avec douceur, elle prit son visage dans ses mains et plongea son regard dans le sien. Kara était déterminée à éradiquer la terreur qui hantait ces yeux verts.

“Je sais que je ne me suis pas trompée Lena. Car je sais, j’ai réalisé que depuis des mois, c’est toi qui est devenue ma pierre d’attache. Je ne sais pas quand c’est arrivé, ni comment. Je ne compte plus le nombre de fois où tu m’a sauvé la vie. Combien j’ai désiré que tu viennes sur Argo avec moi. Comme j’ai été perdue en apprenant que tu cachais de la kryptonite. Combien de fois j’ai voulu tout te dire sans y arriver parce que j’étais terrifiée à l’idée de te perdre. C’est toujours le cas. C’est… c’est le battement de ton coeur qui m’apaise quand mes pouvoirs deviennent trop envahissants. Tu es…”

Elle s’interrompit, la gorge nouée. Elle n’était pas habituée à cela. Personne ne confiait ouvertement ses sentiments sur Krypton, l’amour d’un partenaire à un autre était très rare. Leur société était basée sur le respect, la confiance mutuelle et tirer le meilleur parti du brassage génétique.

“Je n’ai aucun doute sur ce que je ressens mais toi...” Elle laissa retomber ses mains le long de son corps. “Lena tu ne me connais pas entièrement et j-je pense que c’est injuste envers toi, envers nous. C’est pour ça que je t’ai amenée ici. Je veux que tu saches tout avant d’aller plus loin. La mémoire de mon peuple repose dans ce vaisseau ainsi que la mienne.”

Elle se leva et fit quelques pas dans la pièce, tout à coup nerveuse à l’idée que Lena ne l’accepte pas. Elle savait la colère et la culpabilité que cela allait refaire surgir en elle, mais elle se devait d’être honnête envers la femme qu’elle aimait.

“Il faudrait des années, mais j’ai fait une sélection, des moments clés de l’histoire de Krypton, de la mienne également et j’aimerais te raconter quelques histoires. Si tu le veux bien, je voudrais que tu parcours ces holographes. Le reste est à ta disposition aussi évidemment.”

Kara soupira, la voix tremblante. Elle se révélait plus qu’elle ne l’avait jamais fait avec quiconque.

“Je t’ai promis que je serais toujours à tes côtés, et je compte tenir cette promesse. Peu importe ce qu’il se passe les prochains jours.”

La blonde se mordit la lèvre inférieure en regardant ses pieds nus. Elle ne voulait pas que Lena s’inquiète mais elle devait aussi la laisser découvrir ses racines. En tant que dernière de sa lignée, elle voulait transmettre son savoir, les prouesses de son peuple et ses erreurs, l’histoire qui a mené Krypton à sa perte. Kara connaissait les capacités de Lena, elle l’avait vu à l’oeuvre et elle n’y avait qu’elle qu’elle estimait capable d’exploiter ces connaissances pour améliorer l’humanité… en temps voulu.

Elle poussa un long soupir et plongea son regard dans le sien.

“Je sais que je suis une idéaliste, en vérité, j’espère que ce que tu vas voir ici permettra de guider tes choix et ceux des autres, que l’humanité en ressortira meilleure par ce que tu vas lui transmettre, car j’ai l’intime conviction que c’est ton pouvoir. J’espère que tu découvriras qui je suis vraiment, là.” Elle prit la main de Lena et la posa sur son coeur.

Kara ne doutait pas de la sincérité de sa compagne. Seulement, la blonde savait aussi qu’elle n’avait pas encore toutes les cartes en main pour affirmer que rien ne changerait.
La kryptonienne portait encore le poids de la disparition des siens. Personne ne le savait, ni Lena, ni les Danvers, mais tout comme ses parents, elle avait eu son rôle à jouer.

C’est avec un demi-sourire aux lèvre qu’elle amena Lena, solidement accrochée à son holobande, dans la pièce d’à côté. C’était une vaste salle aux allures de dôme, plongée dans le noir. On devinait l’architecture Kryptonienne dans la pénombre, les murs et le sol étaient un mélange de métal et de pierre blanche, celui dont étaient fait les bâtiments sur sa planète.
C’était le plus proche de Krypton qu’elle pouvait être.

Alors que Lena cherchait comment activer une holobande, Kara sourit doucement, lui prit l’objet des mains et le posa dans un petite cavité creusée dans le mure. Tandis que l’objet s’illumina, elle attira la brune contre elle et entremêla ses doigts aux siens.

“Laisse-moi te montrer" murmura-t-elle tandis que l’hologramme envahit la pièce, dévoilant la cité d’Argo durant son âge d’or.

Elle observa avec une pointe de fierté les yeux de Lena se perdre dans les images qui défilaient, brillants de curiosité. Sa ville natale s’animait à toute vitesse, elle retrouvait avec nostalgie les rues dans lesquelles elle courait quand elle était petite, les étals de toile aux couleurs de Rao, les tenues familières de ses concitoyens. Elle souhaitait que Lena les connaisse, leurs croyances, leurs idéaux et leurs faiblesses.

“Voici Argo. Si ce n’est pas la plus grande ville de Krypton en terme de taille, elle l’était pour nous. Elle était notre capitale culturelle, elle était le vrai que coeur de ma planète. C’est ici que je suis née. C’est aussi ici que tout a commencé...”

L’ambiance changea au fil des couchers de soleil, la ville rapetissait à mesure que le temps remontait jusqu’à ne laisser plus qu’une petite bourgade isolée.

“Il y eu un temps avant la science, avant la technologie, avant que les petits kryptoniens déchiffrent des théorèmes complexes durant leurs premières années d’école. Un temps où nous croyions aux dieux et déesses. Tout comme ici.”

Ils étaient polythéistes, fervants croyants en Rao, le soleil et Rea, la terre, et tout le panthéon des quatorzes Dieux qui composaient le Raoisme. Leur représentation apparassait, une à une.
Kara conta leur évolution, comment découverte après découverte, ils venaient à expliquer certains phénomènes autrefois attribués à une action divine.
C’était une nouvelle ère pour Krypton, les gens n’acceptaient plus les fables qu’on leur servaient comme des vérités. Alors le Raoisme s’était adapté à leurs avancées, il devint plus un registre de préceptes et de mythes dédiés à promouvoir le bien de la communauté sur Krypton. C’est ce qui fit leur force en tant que peuple… c’est aussi ce qui causa leur perte.

La blonde continua son histoire, expliqua qu’elle avait parcouru des livres entiers à la recherche de légendes similaires sur Terre à son arrivée parce que son peuple lui manquait, que c’était ainsi qu’elle avait appris leur langue. C’était la première chose familière qu’elle avait trouvé. Une chose qui la réconfortait, qui lui disait que peut-être, elle pourrait s’adapter à cette nouvelle vie.

“Ils ont toujours pensé que j’étais bizarre à cause de ça. Même les Danvers. Je parlais dans un registre qui n’existait plus pour eux. Mais au moins on pouvait communiquer, ils m’ont aidé à… m’adapter.” grimaça-t-elle.

“Après les premières découvertes, la science avait prit une très grande place pour Krypton. Elle égalisait presque les préceptes de Rao, c’est là que le concept de Guilde fut pour la première fois évoqué. Les Croyants et les Savants. D’autres suivirent, une pour chaque aspect de la vie de notre communauté. Tout au-dessus, régnait le Conseil, composé d’un représentant de chaque Guilde et de chaque grande Maison. Mon père, Zor-El,dirigeait la guilde des Sciences. Mon oncle, Jor-El, le père de Kal, je veux dire Clark, représentait la Maison des El. Ma maison.”

“Vint les premières grandes avancées, le premier vaisseau.” L’image se métamorphosa en un petit vaisseau, très semblable au pod dans lequel elle avait voyagé.
“Surpasser la vitesse de la lumière a sûrement été notre plus grand défi. Comprendre enfin le quantique nous a ouvert des portes sur des choses qu’on ne pouvait pas imaginer. Ce fut l’avènement de l’Exploration où des vaisseau comme celui-ci furent construits et envoyés aux quatres coins de l’univers.
Nous y avons rencontré d’autres espèces, d’autres peuples… pour la plupart moins avancés. Ils sont devenus envieux de notre technologie. C’est ainsi que la première grande guerre débuta.
Après cela, les explorations furent interrompues, nous nous sommes refermés sur nous-mêmes et le précepte qui disait que chaque acte, chaque parole devait être pensé et formulé pour le bien de Krypton devint une loi, une règle absolue enseignée comme unique mantra aux plus jeunes. L’individualisme fut proscrit.”

Elle continua les yeux brillant d’émotion, la voix tremblante d’un mélange de tristesse, de rage et de frustration.

“Alors quand ma famille a averti le Conseil sur la mort programmée de Krypton, clamait que l’on avait épuisé toutes ses ressources, ils n’ont pas écouté. Krypton était aussi grande que leur égo. Ils refusèrent d’admettre leur échec et condamnèrent mon peuple à sa destruction plutôt que de reconnaître leur ignorance.”


“M-ma mère en faisait parti… Elle a accusé et envoyé sa propre soeur dans la zone fantôme pour ça. Pour avoir essayé de lui faire entendre raison.”

Elle essuya rapidement une larme du revers de sa manche et souffla, essayant de rester maîtresse de ses émotions mais rien à faire. Sa volonté flancha et elle ne pouvait plus empêcher le flot de larmes de dévaler ses joues.

“Je comprends ce que c’est d’être trahi par les siens, Lena. Je suis tellement désolée de t’avoir infligé ça. J-je n’aurai pas du.” sanglota-t-elle.

Les remords avaient la vie dure pour Kara, même avec toute la foi de Lena en elle, il lui était difficile de se pardonner d'avoir blessé la personne qui comptait le plus pour elle. Elle savait que le temps ferait son office, un jour ou l'autre, mais les événements étaient trop récents. Elle souhaitait que la brune comprenne, qu'après les prochains jours, elle reste à ses côtés malgré toutes ses erreurs.

Kara s’accrochait à Lena comme si elle allait disparaître. Une nouvelle vague de sanglots silencieux secoua ses épaules alors qu’elle chuchotait au creux de son cou.

“Tu ne comprends pas Lena… Je le savais aussi… J-je savais qu’ils allaient tous mourir et je n’ai rien dit.”

Kara ne s’en était jamais vraiment rendue compte avant qu’elle apprenne la vérité sur les agissements de d’Alura et Zor-El. Son esprit avait fait l’impasse sur ce détail, trop lourd à porter pour une adolescente. Elle aurait pu faire entendre sa voix elle aussi, en tant qu’héritière de la maison des El. Même si le Conseil avait rejeté leurs avertissements, elle aurait pu prévenir ses voisins, ses amis, du danger imminent. Elle n’avait pas été assez forte, les préceptes de Rao profondément ancrés en elle, à cette époque il lui était inconcevable d’en déroger. Le Conseil était leur voix et elle avait obéi. Encore aujourd’hui elle lui était parfois difficile de comprendre certains concepts de vie des humains qui divergeaient totalement de ceux qui lui avaient été inculqués.

Elle se laissa bercer doucement, calmant peu à peu ses soubresauts tandis que des larmes continuaient de rouler silencieusement sur son visage.
C’était la première fois qu’elle avait énoncé sa culpabilité à voix haute et enfin depuis des dizaines d’années, elle se sentait en paix. Elle n’aurait jamais pu le faire sans Lena. Ses gestes si tendres, sa voix s’élevait au-dessus de celle des fantômes du passé… à cet instant, Kara su qu’elle serait capable de tout tant qu’elle serait à ses côtés. Elle se détacha doucement de Lena et planta ses yeux dans les siens, sa tristesse remplacée par une détermination féroce.

“Supergirl est ma rédemption. Je ne laisserai personne me l’enlever.”

Elle colla son front au sien, le coeur battant et serein. D’une infinie douceur, elle essuya les larmes de sa compagne.

“Je t’en prie, ne pleure plus. Grâce à toi je me sens plus libre que jamais. Tu es ma nouvelle maison Lena, je regrette de ne pas l’avoir réalisé plus tôt.”

Elle déposa un baiser rapide à la commissure de ses lèvres et l’attira à travers une nouvelle porte, au fond du dôme.
Elles débouchèrent sur une pièce plus petite, murs et plafond étaient couverts de formules mathématiques, chimiques, des étagères remplies d’holobandes formaient une allée circulaire à sa périphérie.
Kara sentit une douce chaleur envahir sa poitrine lorsqu’elle vit les yeux de Lena s’illuminer quand elle reconnu certains des théorèmes qui les entouraient.
D’un pas de côté, elle se plaça derrière elle et l’entoura de ses bras, posant son menton sur son épaule.

“Voici le coeur de notre connaissance. Presque toutes nos découvertes y sont consignées, elle termina dans un murmure, elles sont à toi.”

La blonde savait l’amour de Lena pour les sciences. Sûrement le même qui l’animait, elle. Kara n’était pas entrée dans cette pièce depuis des années, mais elle était contente de voir que Kelex en prenait soin.

“Kal n’utilise pas cette pièce. Il n’a de kryptonien que l’ADN. Et moi… j’ai appris à l’ignorer. En savoir autant n’était pas très bien vu à mon arrivée, mais ça tu le sais déjà.
Le meilleur moyen de se contrôler est de ne pas se laisser tenter non ?”

Elle embrassa Lena sur la tempe puis s’avança au centre où une grande paillasse trônait et se hissa pour s’assoir dessus. Un sourire étirait ses lèvres.

“Il y a beaucoup à voir. Si un sujet t’intéresse, il suffit de le demander à voix haute. La pièce triera les holobandes qui le traitent. Juste… n’oublie pas de dormir et de te nourrir.” remarqua-t-elle d’un clin d’oeil.

“Un mot de toi et nous pourrons revenir, n’importe quand. Je ne peux pas laisser ces données sortir d’ici. Et si tu le veux bien, j’aimerais effectuer quelques recherches avec toi de temps à autres… J’aime ma vie ici, mais certaines choses me manquent.”

Pendant que Lena parcourait les rayonnages, Kara lui conta son arrivée sur terre sans pouvoir détacher son regard d’elle. Son temps dans la zone fantôme et comment Indigo l’en avait tirée. Passer autant de temps dans son petit pod perdue entourée des ténèbres de l’espace avait laissé son lot de séquelles sur la jeune femme.
Plus jeune, les relations avec sa soeur avaient été… plus que tendues. Un jour en particulier où Alex l’avait enfermée dans un placard après une altercation plutôt envenimée, Kara avait été prise d’une violente crise de panique qui avait bien failli laisser la maison des Danvers en cendre. Heureusement Jeremiah était intervenu à temps et Alex avait eu la peur de sa vie. Les espaces étroits et sombres lui étaient impossible à supporter encore aujourd’hui.

Elle quitta son perchoir lorsqu’elle aperçu un objet du coin de l’oeil. Elle s’approcha d’une des étagères, sentant sa poitrine se gonfler de nostalgie et en retira une petite tablette.

“C’est à moi ! Regarde !” La blonde sautillait presque d’excitation.

“Bonjour Kara Zor-El.” sonna l’objet en kryptonien après qu’elle l’ai allumé.
“C’était ma tablette! Il y a encore tous mes devoirs dessus. Tu peux peut-être commencer par là ? Je demanderai à Kelex de la traduire.” dit-elle en tendant l’objet à Lena avant de la prendre par la taille et de l’attirer à elle.

Elle aimait pouvoir partager cela avec elle, voir ses yeux pétiller de curiosité, ses larmes se mêler aux siennes, savoir que son coeur battait avec le sien. Elle aurait certainement eu sa place dans leur société. D’un geste doux, elle amena la brune à tourner son visage vers le sien et la kryptonienne captura tendrement ses lèvres.

Elle voulait rester là, ressentir ça tous les jours. Ce bonheur qui lui réchauffait la poitrine à la vue de Lena si heureuse. La brune le méritait après tout ce qu’elle avait enduré. Tous les obstacles qu’elle avait franchi. Kara avait franchi un nouveau pas, une nouvelle barrière qui la rapprochait d’elle et elle sentait ses sentiments former un doux cocon autour de son coeur. D’ailleurs celui-ci manqua un battement lorsqu’elle entendit son nom, son vrai nom, dans la voix de Lena. Kara voulu dire quelque chose, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.
Personne ne l’avait prononcé depuis des années. Personne ne savait. Elle ne lui avait rien dit, mais elle conclu que l’intelligence de sa compagne avait naturellement fait le rapprochement entre les interventions de Kelex et de la tablette.
Cela confirma quelque chose en elle. Une sensation oubliée depuis bien longtemps et . Ce sentiment d’appartenance si particulier que l’on ressent auprès des êtres qui comptent.
Lena n’avait aucune idée de ce qu’elle avait fait. Sous le coup, elle failli bien répondre oui à cette demande en mariage lancée sur le ton de la plaisanterie.
Kara ne pouvait plus se détourner de son visage. Elle était subjuguée et complètement accro à la façon qu’elle avait de creuser sa place dans son coeur.

Elle se sentait libre comme jamais. Si soulagée que la brune choisit de rester à ses côtés malgré sa culpabilité, son passé. Elle avait eu peur qu’elle la laisse. Qu’elle l’abandonne, à son tour comme toutes les personnes qui comptaient pour elle l’avaient fait.
Mais Lena n’était pas n’importe qui. Son courage et sa loyauté étaient sans faille. Elle venait de lui prouver encore une fois. Ce tout faisait écho à un sentiment qu’elle avait développé au fil des années pour elle mais qu’elle n’avait jamais pu saisir. Elle l’avait sentit dans sa jalousie envers Theodora et James, ou encore lorsque Lena se laissait emportée lorsqu’elle lui expliquait une nouvelle technologie développée par L-Corp, ou encore quand elle glissait sa main dans la sienne sans raison particulière.

Lena s’éloignait déjà, et avait vraiment l’air d’une petite fille à qui on venait d’offrir le plus beau des jouet. La kryptonienne la suivit des yeux, sans bouger et quand elle releva enfin la tête de la tablette, son regard croisant le sien, quelque chose tilta en elle.

Kara traversa la pièce à grandes enjambées en sa direction, lui prit la tablette des mains et la posa sur l’un des accoudoirs avant de lui prendre la main et d’attirer à elle. Elle passa sa main derrière sa nuque et écrasa sa bouche contre la sienne, l’embrassant avec une passion qui lui était inconnue. Sa langue flirta sans retenue avec ses lèvres jusqu’à ce qu’elle puisse enfin caresser la sienne.

“Je t’aime Lena.” chuchota-t-elle à bout de souffle quand enfin elles se détachèrent.

Elle le prononçait comme un fait, une vérité universelle trop longtemps cachée. Il n’y avait aucune pression envers Lena, elle ne voulait pas la mettre mal à l’aise et pourtant… une nouvelle lueur était apparue au fond des yeux de la brune. Ou avait-elle toujours été là?
Peu importait. Kara savait mettre des mots, un mot en particulier sur ce qu’elle ressentait pour elle.

Elle restèrent là un moment, jusqu’à ce qu’un baillement brise la bulle qu’elles avaient formé autour d’elles. Toute cette session avait été sentimentalement, et psychologiquement éreintante. A cela s’ajoutait le fait que la kryptonienne était dénuée de pouvoirs dans le vaisseau, ce qui lui faisait percevoir la gravité plus que de normale, elle se sentait lourde, chaque mouvement demandait plus d’effort que d’accoutumée.
La blonde était exténuée mais heureuse.

“Je crois que je pourrais dormir une journée entière.” dit-elle en écrasant un nouveau bâillement.

“Est-ce que ton offre de partager ce lit tient toujours ?”
Elles quittèrent les murs aseptisés du vaisseau pour retrouver la chaleur de la locomotive.

“Si tu as besoin de te changer fouille dans l’armoire juste là.” Elle pointa du doigt une très ancienne armoire en bois, probablement ramenée de chine par Kal lors de ses explorations.

La nervosité qu’elle avait ressentit à leur arrivée avait laissé place à une confiance certaine, dictée par ses sentiments et le regard chaleureux de sa compagne.

Kara soupira de contentement en voyant sa compagne disparaître dans la salle de bain. Lena n’avait pas répondu à sa déclaration mais étrangement cela ne l’inquiétait pas. Elle n’avait pas besoin de le faire. Ses yeux lui murmurait les mots qu’elle ne prononçait pas.
Elle enfila rapidement un haut à manches courtes et un bas de pyjama. Il était bon de retrouver le confort et la douceur des vêtements kryptoniens.
La blonde remit une bûche de la confection de Kelex qui leur assurerait de ne pas mourir de froid jusqu’à leur départ. Le robot avait emmagasiné toutes les informations rapportées par ses maîtres et s’acquittait  de quelques recherches en leur absence. Il était parvenu à ce combustible longue durée, une sorte de charbon à haute densité, Kara ne s’était jamais vraiment attardée sur le sujet.

Un nouveau baillement entrava sa prochaine tâche. Toutes ces émotions et l’atmosphère  du vaisseau l’avait réellement exténuée. Elle arrangeait une couverture supplémentaire sur le lit si jamais la chaleur ambiante n’était pas assez pour Lena lorsqu’elle entendit la porte de la salle de bain s’ouvrir et les pas feutrés de Lena s’approcher.

“J’espère que ça sera suffi-” commença-t-elle en se retournant vers la brune mais les mots moururent dans sa gorge lorsque ses yeux se posèrent sur elle.
Tous ses muscles se contractèrent. Son coeur venait de faire une violente embardée et battait à tout rompre dans ses tympans.

N’importe quel être humain aurait détaillé la courbure parfaite de ses cuisses nues sous la douce lumière de la chambre, le teint de sa peau qui suggérait une douceur infinie. Kara n’était pas indifférente. Ses lèvres sèches en était la preuve. Mais son regard était tout spécialement attiré par l’emblématique symbole des El. Surimprimé sur un t-shirt similaire au sien. Un t-shirt dans lequel Lena s’était glissée.

Ses doigts bougeaient subrepticement sous l’envie qui la démangeait de toucher le vêtement. Elle avança lentement vers elle jusqu’à se retrouver à longueur de bras.

“T-tu… elle se tut, sentant sa voix flancher et déglutit difficilement avant de reprendre, tu sais ce que cela signifie dans… dans notre contexte ?” demanda-t-elle dans un souffle.

La blonde s’approcha encore, son visage à quelques centimètres du sien. Lena portant son symbole était plus qu’enivrant. Les yeux de la Luthor s’étaient agrandis, remplis de questions. Non. Elle n’en avait aucune idée. Kara lui aurait sourit si la tornade d’émotions en elle ne l’en empêchait pas.
Cette fois elle était incapable de se retenir de tracer les courbes de ses armoiries de son index, sa voix trahissant son attraction.

“Pour les kryptoniens, une personne portant le blason de sa compagne signifie qu’elles sont liées… profondément liées. Cette personne montre à tous qu’elle s’est… soumise, corps et âme à celle qu’elle a choisit. Ce que tu es entrain de me dire c’est que…”

Elle effleura sa joue de ses lèvres puis souffla à son oreille.

“...Tu m’appartiens.”

Si son envie d’elle était à fleur de peau, Kara n’osa pas aller plus loin, sachant le concept sûrement étranger aux humains. Le plus proche devait être le mariage. Mais c’était plus que ça. Aussi elle fit un pas en arrière en se raclant la gorge et laissa l’information faire son chemin dans l’esprit de Lena.

Un soupir tremblant s’échappa des lèvres de la Kryptonienne avant qu’elles ne soient recouvertes par celles de sa compagne. Lorsque le dos de Lena entra en contact avec la paroi, Kara plaqua instinctivement ses mains de part et d’autre de son visage, retenant son corps de s’écraser contre le sien de justesse. Elle absorbait ses mots pendant que son regard se perdait dans le sien, mais déjà Lena l’attirait à nouveau à elle.

Elle se soumettait un peu plus à elle dans chaque baiser, chaque mot, chaque caresse jusqu’à ce qu’elle scelle son appartenance dans un sourire, enflammant le désir de la blonde. Kara chercha les yeux de la Luthor, en quête d’un dernier doute avant qu’elle ne fléchisse les bras jusqu’à ce que son corps se colle complètement à celui de la brune, l’emprisonnant entre elle et le wagon.

Rao, elle était magnifique… Dans quelque chose qui s’approchait du grognement, elle s’empara fiévreusement de ses lèvres alors qu’elle reprenait appui sur ses jambes, puis elle entremêla ses doigts aux siens et ramena ses bras au-dessus de sa tête. S’en suivit une bataille sans merci lorsque leurs langues se prêtèrent à une danse somptueuse et endiablée. Kara y mit un terme en mordillant la lèvre inférieure de sa compagne. Il n’était plus question de caresses tentantes, mais de domination et d’asservir les flammes qui léchaient ses veines. Ses émotions étaient à vif et embrassaient celles de Lena.

"Lena..."

Elle ne comprenait pas sa propre réaction, cette chaleur qui s’était insinuée en elle à la vue de Lena dans ce vêtement l’avait prise au dépourvu. Il n’y avait plus matière à réfléchir, elle remerciait seulement le vaisseau de la priver de ses pouvoirs, sinon elle craignait qu’elle aie pu broyer sa compagne sous son ardeur.
Armée d’une expérience proche du néant, Kara se sentait dans un état second, complètement esclave des turbulences qui sévissaient au creux de son ventre, spectatrice de son envie. Elle n’avait jamais ressenti un besoin si intense de s’unir à quelqu’un, de posséder pour succomber.

Lena la consumait, Kara relâcha son emprise et passa une jambe entre les siennes. Etait-il possible d’être plus proche ? Elle n’en savait rien, mais son être, mû d’une volonté propre, essayait inlassablement d’atteindre ce point de fusion imaginaire. Une main glissa, fébrile, sur sa cuisse dénudée. Le contact l’électrisa un peu plus et elle remonta lentement, griffant doucement sa peau, toujours plus possessive.

"Je te veux... maintenant." murmura-t-elle, presque en un gémissement plaintif.

Elle la souleva tout à coup, les jambes de sa compagne venant automatiquement s’enrouler autour de sa taille et se détacha momentanément sa bouche pour admirer cette femme qu’elle aimait tant. Tandis qu’elle la conduisait vers le lit, les yeux noirs de désir, elle se perdit une nouvelle fois dans ses iris dans lesquels dansaient le feu d’une passion trop longtemps ignorée.
Kara la déposa doucement, se délectant de cette vision, se mordant la lèvre inférieure en imaginant ses doigts s’insinuer sous ce t-shirt, provoquant de délicieux frissons sous une pluie de gémissements.